Un portrait de Zahra Al-Harazi.
Affaires et économie

Entrepreneuriat, résilience et réussite avec Zahra Al-Harazi

Panéliste au Congrès L’UNIQUE en septembre, Zahra Al-Harazi puise dans son expérience de précurseuse en affaires ainsi que dans son bagage de réfugiée, d’immigrante, d’entrepreneuse et de rassembleuse.

CPA Canada : Comme vous êtes douée pour bâtir des équipes multigénérationnelles, quels conseils donneriez-vous aux CPA pour jeter des ponts entre les jeunes professionnels et les moins jeunes? 

Le décalage entre les générations ne date pas d’hier. Cinq générations se retrouvent actuellement sur le marché du travail et elles ont du mal à se comprendre. Or, notre façon de travailler, de vivre et de communiquer influe directement sur les résultats d’entreprises.  


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En mobilisation du personnel, on vise toujours l’adhésion à une mission commune. On doit tirer parti de la friction entre les générations pour stimuler la créativité en suscitant un sentiment commun chez tous les employés. 

Pour favoriser l’ouverture d’esprit, je préfère insister sur l’aspect social plutôt que sur les formations structurées. Ainsi, on tisse des relations entre les membres des équipes dans une atmosphère de camaraderie.  

  1. Organisez des assemblées du personnel qui rassemblent de petits groupes multigénérationnels et demandez-leur de répondre en groupe à des questions sur ce qui les unit. Orientez les questions en conciliant les objectifs personnels avec ceux de l’entreprise, en mettant l’accent sur ce que chacun croit être son objectif personnel et sur la façon dont tous les objectifs sont interreliés. 
  2. Refaites l’exercice, mais abordez maintenant les différences, soit les façons de collaborer, l’expertise et le parcours de chacun ainsi que leur pertinence pour l’équipe.  
  3. Concluez par un jeu, une sortie de groupe ou un défi à l’échelle de l’entreprise. Voilà comment on bâtit des relations et qu’on leur donne de la valeur. 

Comment les femmes CPA peuvent-elles être vues, entendues et remarquées par la haute direction dans la profession? 

Je ne crois pas que c’est à elles que doit revenir la responsabilité de se faire entendre. Leurs collègues masculins doivent veiller à ne pas les exclure et à ne pas former de cliques. De plus, l’organisation doit intégrer dans sa culture les principes d’équité salariale et d’égalité des chances. 

Les femmes CPA sont intelligentes, compétentes et fortes. Elles sont des membres productives et importantes de leur équipe. Leur demander de régler ce problème n’est pas seulement injuste, mais, en outre, cela les place dans une position défensive, et non positive. La seule issue est la collaboration, qu’il s’agisse de valeur pour les membres, de mise à profit de nos différences, de communication ou de solutions aux questions de diversité.  

Vous avez réussi sans faire d’études postsecondaires. Quelles qualités les CPA doivent-ils posséder pour réussir sans passer par le cheminement habituel de formation technique? 

Quand j’ai immigré au Canada, j’étais une jeune mère de trois enfants sans études postsecondaires. J’ai dû retourner à l’école et acquérir une expertise dans mon domaine pour qu’on me donne ma chance. Par contre, ce ne sont pas mes connaissances techniques qui ont propulsé ma carrière, mais plutôt mes compétences générales. Au lieu de miser sur les connaissances techniques, j’ai mis l’accent sur la communication, la créativité, la résolution de problèmes, l’empathie, l’esprit d’équipe, l’adaptabilité, l’optimisme, l’intelligence émotionnelle et le jugement. Ces compétences m’ont permis de me surpasser. 

Comment ces compétences évolueront-elles, si tant est qu’elles évoluent, pour les prochaines générations? 

Je voue une grande confiance à la nouvelle génération. Elle sait très bien quelles compétences lui seront utiles; selon le Forum économique mondial, ce sont surtout les compétences générales. La nouvelle génération sait ce qu’elle veut. Elle se soucie des autres, de l’environnement, de la conciliation travail-vie personnelle et de sa santé mentale, et elle s’emploie à améliorer ces compétences. Je crois qu’elle pourra nous en montrer et qu’on l’imitera.  

Vous avez surmonté de nombreuses difficultés et réussi à tirer votre épingle du jeu. Comment fait-on face à l’imprévu, voire aux catastrophes? 

Je suis convaincue que nous sommes tous résilients et capables de composer avec l’adversité; c’est juste que nous n’avons pas été mis à l’épreuve. Et il est extrêmement difficile de se relever d’une catastrophe.  

La préparation est essentielle. On doit s’aventurer petit à petit en terrain inconnu, et même en terrain dangereux. Ainsi, chaque pas nous permet de gagner en confiance, en capacité, en force et en résilience. On réalise après coup qu’il s’agissait d’un obstacle sur notre chemin et qu’on a pu le surmonter. Voilà pourquoi, devant une catastrophe, on sait d’emblée qu’on peut y faire face et qu’on a la force et la confiance nécessaires pour y survivre. 

J’ai googlé des moyens d’accroître sa résilience, et les résultats m’ont laissée perplexe. Les moments de détente, les promenades en nature, l’autocompassion et les passe-temps sont toutes de bonnes choses. Je crois toutefois qu’on devient résilient en vivant des situations inconfortables, et non en ayant une vie douillette.  

Quels principes conceptuels vous ont été les plus utiles pour bâtir votre entreprise? 

  1. L’établissement de priorités 
  2. La résolution de problèmes 
  3. La faculté d’adaptation 
  4. La détermination 
  5. L’agilité 

À mon avis, en adoptant ces principes au quotidien, on peut faire avancer les choses, prendre des décisions rapidement et se rapprocher de ses objectifs.  

Quel élément les dirigeants d’entreprise doivent-ils prioriser lors du démarrage d’une nouvelle entreprise? 

La responsabilisation. Il est essentiel d’assumer les responsabilités du positif comme du négatif. Prendre ses responsabilités, travailler dur, ressentir la pression de la réussite ou de l’échec, faire preuve d’initiative, avancer à petits ou à grands pas, reconnaître ses erreurs, et s’exprimer et écouter en même temps… La responsabilisation est au cœur de toutes ces activités. Personne d’autre ne portera le chapeau ou le blâme. C’est épuisant, j’en suis consciente, mais si vous êtes le leader, la responsabilité vous appartient tout entière.