4 choses à savoir sur l’usurpation d’identité
Bon nombre de gens assimilent l’usurpation d’identité (ou vol d’identité) à la fraude. Certes, ces actes sont liés, mais il y a une différence entre les deux. (Getty Images/alengo)
Des histoires d’usurpation d’identité, Jessica Gunson en a entendu de toutes les sortes. À titre de chef intérimaire du centre d’appels et de l’unité de réception des plaintes du Centre antifraude du Canada (qui relève de la GRC), elle est l’une des premières personnes à qui des victimes de fraude racontent leurs déboires. On parle ici d’hameçonnage, d’extorsion et d’escroqueries visant à obtenir des renseignements personnels – un fléau qui empoisonne la vie de milliers de citoyens chaque année.
Malgré la plus grande sensibilisation de la population à ce danger, le Centre antifraude du Canada continue de recevoir un grand nombre d’appels, et le phénomène demeure une préoccupation importante au sein de la population. Selon Mme Gunson, les victimes canadiennes d’un vol d’identité ont été filoutées de 21,2 M$ au total en 2018, comparativement à 11,7 M$ en 2017. « Une hausse plutôt marquée », fait-elle observer.
Mars étant le mois de la prévention de la fraude, nous avons cru bon de traiter de nouveau du sujet de l’usurpation d’identité. [Lire aussi Signes que des escrocs se font passer pour vous]. Voici donc la réponse à quatre questions courantes.
QU’EST-CE QUE L’USURPATION D’IDENTITÉ?
Bon nombre de gens assimilent l’usurpation d’identité (ou vol d’identité) à la fraude. Certes, ces actes sont liés, mais il y a une différence entre les deux, explique Mme Gunson. Le vol d’identité désigne l’acte de recueillir les renseignements personnels d’une personne à son insu (généralement en vue de commettre des gestes malveillants sous son identité), tandis que la fraude est une activité criminelle réalisée à l’aide des données subtilisées, par exemple, le retrait d’argent d’un compte bancaire.
De nos jours, des individus ignobles peuvent voler des renseignements personnels de diverses façons. Certains scélérats procèdent encore selon la bonne vieille méthode, c’est-à-dire écumer les bacs à déchets dans l’espoir d’y trouver des renseignements précieux qui leur permettront d’obtenir une carte de crédit à votre nom.
La technologie aidant, cependant, la plupart des escrocs volent maintenant des données personnelles dans le cyberespace. Ainsi, les fraudeurs ont raffiné l’art de produire des courriels qui ont l’air tout à fait légitimes (semblables en tous points, ou presque, à ceux que vous recevriez d’une institution financière ou d’une entreprise bien connue). Il est donc possible qu’un « illettré du Web » ou une personne distraite tombe dans le piège tendu et clique sur un lien menant à un site malveillant, où on lui demandera de fournir son numéro d’assurance sociale ou autre donnée confidentielle du genre.
« Par un simple clic, un fraudeur peut très bien envoyer un courriel frauduleux mais crédible à des milliers d’adresses courriel », rappelle Mme Gunson.
QUE FAIRE SI VOUS ÊTES VICTIME DE VOL D’IDENTITÉ?
D’abord, gardez votre calme, conseille la représentante de la GRC. Puis, notez tous les renseignements personnels qui, selon toute vraisemblance, vous ont été volés. Par exemple, il pourrait s’agir d’un numéro de carte de crédit (voire plusieurs), de votre numéro d’assurance sociale ou de tout autre identifiant fourni par l’État.
L’étape suivante est d’appeler la police, votre institution financière, l’émetteur de vos cartes de crédit, votre fournisseur de services de télécommunications, et toute autre entreprise qui devrait être informée du méfait commis à votre égard. N’oubliez pas non plus d’aviser Postes Canada, ajoute Mme Gunson, car il arrive souvent que les pirates aient demandé le réacheminement de votre courrier vers une autre adresse, afin de recevoir la nouvelle carte de crédit émise à votre nom. Et, bien évidemment, appelez le Centre antifraude du Canada pour signaler l’incident.
Ensuite, il vous faudra contacter les deux grandes agences de crédit, soit Equifax et TransUnion, pour obtenir un exemplaire de votre dossier de crédit. Vous pourrez alors voir si des cartes de crédit ont été émises à votre nom, ou si un prêt auto ou un prêt hypothécaire a été enregistré à votre nom, à votre insu. Surtout, vous pourrez demander qu’un avis de fraude soit inscrit à votre dossier de crédit (moyennant certains frais). Ainsi, avant qu’une demande de crédit à votre nom soit acceptée, puis consignée à votre dossier, vous devrez en confirmer la légitimité.
ET QUE SE PASSE-T-IL APRÈS LE SIGNALEMENT?
Étant donné que la plupart des entreprises voient souvent des cas d’usurpation d’identité, vous devriez pouvoir démêler le tout avec elles en quelques jours, affirme Mme Gunson. Et les sommes portées illégalement sur une carte de crédit devraient être assumées par votre institution financière ou compagnie de carte de crédit.
Quoi qu’il en soit, faire une demande de carte de crédit ou une demande de prêt risque désormais de ne plus être un jeu d’enfant, surtout si un avis de fraude a été inscrit à votre dossier de crédit. Toute ouverture de compte subséquente rendra les prêteurs plus circonspects, car il va de soi que les agences de crédit voudront s’assurer que c’est bel et bien vous qui êtes à l’origine de la demande. « Il se pourrait qu’il y ait plus de documents à signer, ce qui peut allonger le délai d’acceptation d’une demande de crédit », prévient Mme Gunson.
COMMENT SE PROTÉGER DE L’USURPATION D’IDENTITÉ?
Contrôlez vos factures et relevés mensuels pour valider toutes les transactions qui y sont consignées. Vérifiez régulièrement vos relevés de carte de crédit et examinez au moins une fois l’an le contenu de votre dossier de crédit. Par ailleurs, créez des mots de passe complexes, passez à la déchiqueteuse tous les documents contenant de l’information sensible et, enfin, ne cliquez jamais sur les liens intégrés aux courriels de provenance douteuse ou inconnue.
Faire preuve d’une telle rigueur deviendra de plus en plus important, car les pirates, fin finauds, perfectionnent sans cesse leurs tactiques pour voler des données personnelles, constate Mme Gunson. « Et il n’est pas dit que les choses n’empireront pas... les escroqueries, on peut croire, feront toujours partie du décor. »
LECTURE SUGGÉRÉE : ENQUÊTE DE CPA CANADA SUR LA FRAUDE 2019
Selon une enquête que nous avons menée récemment, 70 % des Canadiens s’inquiètent davantage qu’il y a cinq ans d’être victimes de fraude. Et la majorité des répondants (69 %) se disent préoccupés par le risque d’usurpation d’identité.