Investir dans la cryptomonnaie : ce que vous devez savoir
Il faut toujours se renseigner avant d’acheter. (Getty Images/Alistair Berg)
Les cryptomonnaies ont décidément le vent en poupe auprès des investisseurs, qu’ils soient aguerris ou amateurs. L’expérience vous tente? Sachez qu’il s’agit d’un domaine extrêmement complexe, avertit Amanallah Abbas, CPA et contrôleur à la National Digital Asset Exchange (NDAX), plateforme d’échange d’actifs numériques de Calgary.
« Les cryptomonnaies sont une classe d’actifs relativement nouvelle : le plus grand joueur, du point de vue de la capitalisation boursière, le bitcoin, est apparu il y a 10 ans à peine. Or, le marché a bien évolué depuis », rappelle-t-il.
Selon Amanallah Abbas, la cryptomonnaie est une monnaie numérique décentralisée : « Il s’agit principalement d’un instrument d’échange qui ne dépend ni d’une banque centrale ni d’une institution financière et qui peut être acheté et vendu. La cryptomonnaie vient de franchir la barre des 3 000 G$ US de capitalisation boursière, ce qui représente une multiplication par 10 de sa valeur par rapport à l’année dernière, et par 100 au cours des 4 dernières années. »
Les plus gros acteurs actuels sur le marché? Le bitcoin (BTC), l’ether (ETH), le cardano et le ripple; sans oublier Tesla, MicroStrategy, PayPal et Visa, qui comptent parmi les grands investisseurs et agents économiques. « La cryptomonnaie conquiert de plus en plus d’institutions et de sociétés », explique le spécialiste.
Pour investir dans ce domaine, il faut prendre quelques précautions.
LES TYPES DE CRYPTOACTIFS
À chaque investisseur son cryptoactif. Voici les grandes catégories : les cryptomonnaies à proprement parler (le bitcoin ou l’ether, par exemple), les cryptomonnaies dites stables (stablecoins, monnaie numérique adossée à un actif de réserve comme une monnaie fiduciaire ou un métal précieux) et les altcoins ou cryptomonnaies dites alternatives.
Cette dernière catégorie compte entre autres les contrats intelligents (contrat auto-exécutoire entre un acquéreur et un vendeur, intégré à une chaîne de blocs), les jetons non fongibles (NFT) et la cryptomonnaie « mème » (qui, comme son nom l’indique, est basée sur un mème, comme le dogecoin).
« À chaque catégorie correspond un profil de risques, précise Ryan Leopold, CPA, associé et leader, Banques et marchés financiers, chez PwC Canada à Toronto. Ainsi, le cours des cryptomonnaies dites stables est relativement constant, à l’opposé de celui des cryptomonnaies dites alternatives, très instables. »
« Quel que soit l’actif numérique choisi, l’investisseur doit agir avec prudence et bien comprendre les risques. Peu de ces investissements sont bien encadrés; la réglementation et l’infrastructure sont en constante évolution. Il faut donc savoir doser le risque qu’on est prêt à accepter. C’est là qu’intervient le conseiller. »
PRUDENCE, LE MAÎTRE MOT
« Il faut toujours se renseigner avant d’acheter, conseille Amanallah Abbas. Il faut examiner la réputation de la monnaie visée, sa capitalisation boursière, son volume d’opérations récent, l’évolution de son cours, la communauté formée autour d’elle, son équipe ainsi que l’expérience de ses dirigeants. »
Par où commencer? Des sites Web comme CoinMarketCap ou CoinGecko sont un bon point de départ, indique-t-il, tout comme l’exploration de plateformes sociales comme YouTube, ou encore de sites dédiés à l’actualité des cryptomonnaies tels que Cointelegraph ou CoinDesk.
Il faut aussi miser sur la sécurité. « Choisissez une plateforme d’échange qui impose la double authentification et des approbations par courriel ou cellulaire, qui est inscrite auprès du CANAFE et dont le cadre réglementaire est en entière conformité avec les exigences des commissions de valeurs mobilières des provinces et du pays », poursuit le contrôleur de la NDAX.
Sans oublier les grands principes de l’investissement traditionnel : il faut diversifier son portefeuille, choisir des plateformes de bonne réputation et connaître ses limites quant au risque.
« Investissez seulement ce que vous pouvez vous permettre de perdre, conseille Samer Tohme, CPA et propriétaire du cabinet Tohme Accounting à Ottawa. La variation mensuelle moyenne de la valeur des cryptomonnaies est de 30 %; si vous ne pouvez pas faire face à ce type de fluctuation, n’y pensez pas. »
Autre élément à ne pas négliger : contrairement à l’investissement classique de courtage, assuré jusqu’à une certaine valeur, la plupart des cryptomonnaies transigées, à quelques exceptions près, n’offrent pas une telle protection. En cas de faillite de la plateforme d’échange (comme dans le cas de la plateforme Quadriga), les fonds investis s’envolent en fumée, sans presque aucun espoir de les recouvrer.
ATTENTION À L’IMPÔT
Si vous investissez dans les cryptomonnaies, rappelez-vous qu’aux fins de l’impôt sur le revenu, elles sont considérées comme des biens. La vente et l’échange sont donc des opérations soumises à l’impôt.
Au propriétaire d’établir si le gain ou la perte correspond au capital ou à un revenu aux fins de l’impôt. Pour en savoir plus sur les critères applicables et les répercussions sur votre impôt, consultez le Guide de la monnaie virtuelle pour les utilisateurs de cryptomonnaie et les professionnels de l’impôt publié par l’Agence du revenu du Canada (ARC).
Enfin, il faut toujours garder à l’esprit que l’instabilité qui régit l’univers des cryptomonnaies peut aussi s’appliquer aux règles fiscales. Selon Ryan Leopold, « il faut s’attendre à ce que les règles en matière de fiscalité changent, le marché des cryptoactifs n’en étant qu’à ses balbutiements à certains égards ».
À LIRE AVANT D’INVESTIR
Lisez notre article dans Pivot sur Jerome Dwight, CPA, et d’autres acteurs du milieu qui préconisent une approche bien canadienne en matière de cryptomonnaies. Consultez nos ressources pour connaître les répercussions des chaînes de blocs et des cryptoactifs sur l’audit et la comptabilité. Renseignez-vous aussi sur les jetons non fongibles et, surtout, quoi qu’il arrive, ne perdez pas la clé de votre portefeuille numérique.