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Littératie financière

Quatre arnaques liées à l’ARC dont il faut se méfier en cette période des impôts

Faux avertissements de comptes compromis, utilisation de l’IA pour créer de fausses nouvelles : les arnaqueurs s’ingénient à trouver de nouvelles façons de frauder les contribuables.

La technologie favorise les escrocs qui prétendent représenter l’Agence du revenu du Canada (ARC), en leur permettant de tenter d’intimider des millions de contribuables pour leur soutirer argent et données personnelles.

« Personne n’est à l’abri d’une arnaque, affirme Charles Drouin, porte-parole de l’ARC. Nous tentons d’y sensibiliser le public. Il importe avant tout d’être vigilant. »

Lorsqu’ils reçoivent une communication censée provenir de l’ARC, la plupart des gens ont d’abord tendance à le croire, souligne Carolyn Goodwin, CPA, gestionnaire principale, Fonctionnement à CPA Canada. « Un réflexe de saine méfiance fait trop souvent défaut. Les escrocs le savent et en profitent pour frauder de plus en plus de Canadiens. »

Voici quelques arnaques courantes dont les contribuables doivent se méfier en cette période des impôts.

1) Offre frauduleuse de la Remise canadienne sur le carbone

Auparavant appelée « paiement de l’incitatif à agir pour le climat », la Remise canadienne sur le carbone est une nouveauté en 2024. Les arnaqueurs peuvent en profiter pour tenter d’inciter les gens à demander cette remise en cliquant sur un lien dans un courriel ou un message texte.

« Or l’ARC ne vous demandera jamais de cliquer sur un lien, assure Charles Drouin. Le seul message texte que vous pourriez recevoir, par exemple, est une authentification en deux étapes sur MonCompte, ou par le biais des services en ligne, afin d’entrer un code d’accès à votre compte. »

Lorsque l’utilisateur clique pour obtenir un remboursement, cela déclenche un « dédale de communications » avec l’arnaqueur en puissance, explique Carolyn Goodwin. Avant d’autoriser le remboursement, le fraudeur crée toutes sortes de manœuvres frauduleuses pour demander de l’argent « que, bien sûr, vous ne reverrez jamais », prévient-elle.

2) Faux avertissement de compte compromis

Une autre arnaque prend la forme d’un message texte, d’un courriel, ou même d’un appel téléphonique vous indiquant, en substance, que votre compte a été compromis.

« Il peut arriver, un jour, que votre compte soit compromis. Mais nous ne vous demanderons jamais des renseignements personnels pour accéder à votre compte de cette manière », affirme Charles Drouin.

Une tactique courante des arnaqueurs consiste à exercer une pression sur les victimes en soulignant l’urgence d’agir, souvent sur un ton menaçant. « Ils peuvent évoquer le renvoi du cas aux autorités policières. Et même le risque d’aller en prison, explique Charles Drouin.

Sachez que rien de cela n’est vrai. Nos agents sont très professionnels; s’ils vous appellent chez vous, ils ne vous demanderont jamais de renseignements aussi précis. »

Lorsqu’un véritable agent de l’ARC appelle un contribuable, si ce dernier n’est pas absolument certain de la source, il peut très bien demander à l’agent son nom et son numéro, puis raccrocher et aller sur le site Web de l’ARC pour vérifier le numéro, affirme Charles Drouin.

Il peut ensuite appeler directement l’ARC et dire, par exemple, « J’ai reçu un appel d’une personne qui disait être de l’ARC. Voici son nom. Voici son numéro. J’aimerais vérifier qu’il s’agissait d’un appel authentique avant de fournir des renseignements. »

3) Utilisation de l’intelligence artificielle pour faire croire qu’une information provient de l’ARC

Une autre tendance observée au cours de la dernière année est l’utilisation de l’intelligence artificielle pour emprunter la voix de véritables présentateurs de nouvelles afin que l’information fournie ait l’air authentique aux yeux des contribuables.

Par exemple, l’IA trafique une émission en reproduisant la voix d’un présentateur de nouvelles pour fournir une fausse information concernant une remise inexistante et dire aux contribuables que, pour l’obtenir, ils doivent cliquer sur un lien, qui les mène directement au site Web d’un arnaqueur, explique Charles Drouin.

Autre danger en 2024 : des fraudeurs prétendent que certains Canadiens ont droit à un remboursement pour l’épicerie, mais celui-ci n’était offert qu’en 2023, poursuit-il.

L’ARC localise ces sites de fausses nouvelles, prévient le public de leur existence par le biais de son compte de médias sociaux et met tout en œuvre pour les faire fermer, ajoute Charles Drouin.

4) Fausses lettres d’avertissement d’une vérification

Des arnaqueurs prétendant être de l’ARC envoient de fausses lettres pour inquiéter certains contribuables en leur faisant croire qu’ils feront l’objet d’une vérification.

« Nous avons vu au cours de la dernière année de fausses lettres qui semblent vraiment provenir de l’ARC. Dans certains cas, il est très difficile de les repérer », mentionne Charles Drouin, ajoutant que les victimes ne doivent jamais appeler le numéro indiqué dans la lettre, mais plutôt celui figurant sur le site Web de l’ARC.

Même si votre afficheur indique qu’un appel téléphonique entrant provient de l’ARC, ce n’est peut-être pas le cas. « Il est très facile pour les fraudeurs de falsifier cette information », explique Charles Drouin.

Quelles sont les personnes les plus à risque?

Si tous doivent se méfier de telles arnaques, certains groupes de personnes pourraient être plus à risque que d’autres.

Parmi eux figurent les nouveaux arrivants au Canada, qui connaissent peu le régime fiscal, et les aînés qui, souvent moins au fait des nouveautés électroniques et technologiques, pourraient être plus enclins à cliquer sur un lien dangereux dans un courriel ou un texte, prévient Charles Drouin.

Les jeunes contribuables, qui en sont à leur première déclaration de revenus, pourraient aussi être plus à risque par manque d’expérience, ajoute Carolyn Goodwin.

Que faire lorsqu’on est victime de fraude?

Si une personne se rend compte qu’elle a été arnaquée, elle doit toujours, d’abord et avant tout, le signaler à la police, affirme Charles Drouin. « Certaines personnes éprouvent de la honte d’avoir été escroquées. Il ne faut pas. Chaque année, des milliers de personnes sont victimes de fraude. N’hésitez pas à appeler les autorités policières locales », insiste-t-il.

Si un contribuable constate que son numéro d’assurance sociale a été compromis, il doit communiquer avec Service Canada. Si son compte auprès de l’ARC, MonCompte, par exemple, a été compromis, il doit appeler l’ARC, poursuit Charles Drouin.

Les personnes victimes d’une arnaque doivent aussi communiquer avec le Centre antifraude du Canada, précise Carolyn Goodwin.

« Nous estimons que seulement 5 à 10 % des victimes signalent une arnaque au Centre antifraude du Canada », affirme Jeff Horncastle, porte-parole du Centre antifraude du Canada et de la Gendarmerie royale du Canada.

« Il importe de comprendre la nature de notre mandat et l’utilité de signaler les cas de fraude. Nous utilisons l’information recueillie à des fins de prévention et d’alerte pour sensibiliser les Canadiens aux nouvelles activités frauduleuses qui font leur apparition. Nous sommes en mesure d’échanger l’information à l’échelle du pays, explique-t-il.

Nous fournissons aussi l’information aux organismes d’application de la loi et aux administrations publiques canadiennes et étrangères pour combattre la criminalité. »

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Légende : Souvent moins au fait des nouveautés électroniques et technologiques, les aînés sont peut-être plus exposés à la fraude. (Getty Images)