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Un jeune couple planifie ses finances ensemble
Canada
Finances personnelles

Assainir vos finances peut vous aider à garder le cap en 2024

Connaître sa situation financière et fiscale permet de prendre des décisions éclairées et d’atteindre ses objectifs, même quand nos moyens sont limités.

Une fois que l’on connaît sa situation financière et fiscale, on est en mesure de prendre de meilleures décisions. (Getty Images / Sanjeri)

Les finances de nombreux Canadiens ont été mises à mal l’an passé, alors que l’inflation a perduré et que les hausses successives du taux directeur ont fait grimper les paiements hypothécaires. Un choc d’autant plus brutal que les taux d’emprunt avaient été bas jusqu’à la mi-2022, poussant certains à s’endetter largement dans un marché où les prix de l’immobilier s’étaient emballés.

À quoi ressemblera 2024? « Plutôt que de faire l’autruche, il faut regarder la réalité en face et s’accommoder de la situation actuelle », explique Paul-Antoine Jetté, CPA, professeur d’administration au Cégep de Lanaudière, coauteur de l’ouvrage à succès La facture amoureuse, et rédacteur en chef à L’enquête McSween à Télé-Québec. « Oui, le taux directeur pourrait diminuer et l’inflation ralentir, mais il faut adopter une approche plus durable. »

Thomas Gaudet, CPA, analyste financier chez Altitude conseils financiers, est du même avis : « Pas besoin de boule de cristal pour dire que le taux directeur finira par baisser, mais d’ici là, les propriétaires qui ont une hypothèque à taux variable ou qui ont récemment renouvelé leur hypothèque vont manquer d’oxygène financier. »

Pour garder le cap et ne pas nous sentir poussés dans nos derniers retranchements, voici quelques étapes à suivre en 2024.

1. Faire le point sur sa situation financière

Ce qui stresse les gens, explique Paul-Antoine Jetté, c’est l’inconnu. Voilà pourquoi il souligne l’importance de connaître la valeur de son patrimoine et de son actif net. Pour ce faire, il invite à se poser certaines questions : Quelles sont vos dettes, prêts hypothécaires et automobiles compris? Quel est le solde de vos cartes de crédit? Quels en sont les taux d’intérêt et les échéances? Bref, quelle est votre marge de manœuvre en matière de capacité d’emprunt? Même chose côté actifs : Avez-vous une maison? Quelle en est la valeur? Avez-vous des REER? Un CELI? Des REEE? Quels en sont les soldes? Et ainsi de suite.

« Additionner ce qu’on possède (en tenant compte de ce qui peut avoir pris de la valeur, comme une maison) et retirer ce qu’on doit permet souvent de relativiser, explique Paul-Antoine Jetté. Si on est en couple, cela permet aussi de s’assurer qu’on forme une équipe financière unie, équitable et donc plus forte. Si au contraire on n’a pas déjà fait un bon inventaire ou qu’on se sent incapable d’en parler avec notre partenaire, il y a possiblement un problème, car il vous manquera des éléments pour les décisions que vous aurez à prendre dans le futur. »

2. Adopter une bonne hygiène fiscale

Comme les impôts constituent une dépense importante pour la majorité des gens, il vaut donc la peine de s’y pencher. Ça peut sembler compliqué, consent Paul-Antoine Jetté, mais c’est plus simple qu’on ne le pense. « Première chose : vos impôts ou vos déclarations de revenus sont-ils à jour ou en retard? Parce qu’en cas de retard, une pénalité peut s’appliquer, avec intérêts. C’est vraiment une drôle de façon de dépenser son argent! »

En plus de produire votre déclaration à temps, vous devez gérer vos documents fiscaux avec rigueur, ce qui vous permettra d’économiser et de produire une déclaration optimale. « Par exemple, regrouper tous ses reçus de frais médicaux n’est pas un travail de comptabilité sophistiquée, mais si vous ne le faites pas, vous laissez de l’argent sur la table », rappelle l’enseignant.

Thomas Gaudet abonde dans le même sens. « Une grande partie de la population, particulièrement la classe moyenne, n’est pas consciente de toutes les possibilités fiscales (REER, CELIAPP, etc.) qui s’offrent à elle et viennent réduire le revenu imposable; or, le gouvernement se base sur celui-ci pour établir par exemple le montant d’allocations familiales, le crédit de solidarité ou le crédit pour la TPS/TVH ».

En fonction de notre situation, certains régimes gagnent vraiment à être connus, rappelle-t-il, comme le CELIAPP pour les futurs propriétaires ou le REEE pour les parents. Les moins bien nantis ont aussi droit au Bon d’études canadien. De manière générale, rappellent les deux CPA, les contribuables qui ont des revenus (très) faibles ont intérêt à avoir une bonne hygiène fiscale, car de nombreuses aides sont disponibles.

3. Prendre des décisions éclairées

Une fois que l’on connaît sa situation financière et fiscale, on est en mesure de prendre de meilleures décisions. Imaginons une famille qui aurait mis 10 000 $ de côté et hésiterait entre contribuer à un REER ou rembourser son hypothèque. En cotisant à un REER, elle obtiendrait un remboursement d’impôts qui lui permettrait de cotiser à un REEE, en plus de possiblement toucher davantage d’allocations familiales. A contrario, quel serait l’impact du même montant sur le paiement d’une dette hypothécaire? Bonne question, selon Paul-Antoine Jetté, mais à laquelle on ne peut répondre qu’en connaissant sa situation fiscale et en utilisant les nombreux calculateurs en ligne. « Il faut s’en servir. »

4. Réduire ses dettes

S’il n’y a pas de réponse toute faite, Thomas Gaudet rappelle l’importance de réduire ses dettes en attaquant les plus coûteuses en premier : prêts à taux usuraires, cartes de crédit, prêts personnels, prêts hypothécaires, prêts étudiants, prêts pour immeubles locatifs et enfin, prêts contractés pour entreprise non incorporée. Il faut bien regarder le coût net de chaque prêt après impôts, puisque certains intérêts peuvent être déduits du revenu imposable.

De nombreux retraités aimeraient aussi travailler un peu pour arrondir leurs fins de mois, mais craignent que leur revenu d’appoint parte en impôts et vienne réduire leur rente. Le mythe est assez tenace, comme celui qui entoure le coût réel des frais de garde d’enfants; mais à quel point est-il vrai, se questionne Paul-Antoine Jetté? « Il faut vérifier. Les ministères concernés ont développé des calculateurs qui permettent de se faire une idée de l’impact fiscal réel des revenus supplémentaires ou de certaines dépenses. »

5. Recourir à un budget

Tumulte économique ou pas, les deux CPA considèrent primordial de se servir d’un budget, car ce dernier permet de regarder les choses en face : Combien coûtent vraiment nos sorties au restaurant? Notre auto? Nos différents abonnements? « Beaucoup de gens sont dans le déni, voire dans le mensonge, par rapport au budget parce qu’ils ont peur de commencer, a constaté Thomas Gaudet. D’une part, leur budget n’est pas complet car ils ne comptabilisent que leurs principales dépenses (loyer, transport, épicerie, etc.). D’autre part, ils préfèrent miser sur une augmentation de salaire, alors qu’ils devraient surtout viser une réduction de leurs dépenses, notamment les dépenses discrétionnaires. »

Un budget doit comprendre toutes les dépenses liées au logement, à la nourriture et au travail, rappelle Paul-Antoine Jetté. « Une grande partie de ce qui reste doit aller à l’épargne, pour enlever du stress. Quand les taux d’intérêt montent et que notre paiement hypothécaire augmente, il est rassurant de voir qu’on a des sous de côté ou qu’on a la possibilité d’en mettre de côté. Un budget qui a été conçu pour laisser une marge de manœuvre aide à retarder des décisions difficiles, comme celle de vendre une maison, et en 2024, de nombreuses personnes verront ce gain de temps d’un bon œil. »

6. Se fixer des objectifs financiers

Le début de l’année est également un moment propice pour se fixer des objectifs financiers, qu’il s’agisse de réduire ses dépenses de 10 %, de constituer ou d’augmenter son fonds d’urgence, ou d’épargner en vue d’un événement important ou d’une mise de fonds. L’objectif est de commencer tranquillement, et de ne pas s’arrêter, pour créer un effet boule de neige.

Dans les faits, les objectifs d’épargne peuvent aller du plus simple au plus ambitieux. « Imaginons des parents capables d’épargner le montant maximum des REEE dès la naissance de leur enfant, soit 2 500 $ par année, explique Paul-Antoine Jetté. Avec les subventions et les intérêts générés (environ 4 %) pendant environ 15 ans, l’enfant, arrivé à l’âge adulte, disposera de près de 70 000 $. »

« Imaginons maintenant que, les études achevées, il reste du capital, que les parents donnent à l’enfant qui le réinvestira dans un CELIAPP tout en choisissant d’utiliser la déduction d’impôts quand il aura un bon emploi et un bon salaire. Avec un peu de patience et de discipline, les parents ont créé de l’enrichissement sur deux générations. Peut-être auront-ils un peu moins d’épargne à leur retraite (ou en légueront-ils un peu moins), mais ils auront aidé leur enfant à un moment crucial de sa vie. »

Comme le rappelle Paul-Antoine Jetté, il n’existe pas de recette universelle pour s’enrichir, mais il existe des moyens précis et concrets d’optimiser notre situation fiscale pour mieux contrôler nos finances, et être beaucoup moins stressés.

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