Un graphique montrant un déclin avec une personne se trouvant sur la ligne de déclin
Affaires et économie

La profession comptable veut bonifier les conditions de l’entrepreneuriat canadien

Conscients du déclin de l’entrepreneuriat au pays, des leaders CPA cherchent à mettre en place des conditions propices à la création d’entreprises.

La chute impressionnante de l’entrepreneuriat au Canada dans les 20 dernières années représente un nouveau défi pour la profession comptable et les autres acteurs du monde des affaires qui s’efforcent de créer chez nous un environnement favorable à l’innovation.     


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« L’entrepreneuriat est à la base d’une économie dynamique puisqu’il crée des emplois et stimule la croissance économique », explique Frank Magliocco, leader national, Clients privés, chez PwC Canada, à Toronto. 

C’est en 2023, dans une étude conduite par la Banque de développement du Canada (BDC) en collaboration avec l’Université de Montréal, que l’on constate cette baisse pour la première fois. Seulement 1,3 Canadien sur 1 000 a lancé une entreprise en 2022 (contre 3 sur 1 000 en 2000), ce qui représente quelque 100 000 travailleurs indépendants de moins à l’échelle du pays.  

Arnaud Franco, directeur de la recherche économique à BDC, à Montréal, précise que l’étude (intitulée Entrepreneuriat en mouvement : compétences et réussite dans un monde changeant) se base sur trois sondages menés en 2023 auprès d’environ 2 500 entrepreneurs établis, débutants et en devenir. 

« Les perturbations économiques des dernières années ont poussé les gens à rechercher une sécurité accrue, qu’ils ont généralement trouvée dans un emploi plutôt que dans l’entrepreneuriat. Pensons aux gens qui, pour se lancer, doivent miser tout ce qu’ils ont dans leur entreprise… il y a de quoi hésiter, voire renoncer! »  

« Un emploi renforce le sentiment de sécurité financière ». D’ailleurs, selon le rapport de l’étude, une entreprise sur trois fermera ses portes au cours de ses cinq premières années d’activités, et deux sur trois, dans les quinze années après l’ouverture. 

Pour couronner le tout, la question de la conformité fiscale alourdit le fardeau administratif des entrepreneurs en exigeant la production de davantage de documents et d’informations. 

« MNP a communiqué au gouvernement ses préoccupations concernant la nature fluide du régime fiscal actuel et l’incidence négative qu’elle peut avoir sur les entreprises et les entrepreneurs canadiens, explique Glenn Fraser, vice-président principal, Services aux entreprises à capital fermé, chez MNP, à Toronto. Nous avons aussi collaboré avec d’autres professionnels du domaine pour promouvoir une meilleure stabilité fiscale et la simplification de certaines exigences de conformité et de déclaration. » 

Il déplore aussi la difficulté d’accès aux capitaux, un autre obstacle pour les entrepreneurs canadiens, qui sont souvent forcés de se tourner vers les États-Unis pour obtenir du soutien financier, et finissent dans certains cas par y relocaliser leurs activités. 

« Nombre d’entrepreneurs affirment connaître l’existence des programmes gouvernementaux, mais se plaignent de la grande complexité du système fiscal et des exigences de déclaration. Certains de mes clients ont déjà renoncé à des fonds publics pour éviter de répondre aux exigences, préférant se débrouiller pour trouver d’autres moyens de mobiliser des capitaux. » 

Les experts citent plusieurs pistes de solutions pour améliorer les perspectives entrepreneuriales au Canada.  

Arnaud Franco souligne que même si la démographie est défavorable à l’entrepreneuriat (plus de la moitié des entrepreneurs au Canada ont plus de 50 ans et planifient leur retraite), de nombreux jeunes immigrants très instruits ont de fortes tendances entrepreneuriales. 

« Nous devons en faire davantage pour encourager cette nouvelle génération d’entrepreneurs à se lancer dans l’aventure », insiste-t-il, précisant que ces démarches doivent viser non seulement les grandes villes, mais aussi les régions rurales.  

Dans son rapport, la BDC a identifié quatre groupes de compétences nécessaires à la réussite entrepreneuriale : la ténacité et les compétences relationnelles, les compétences en marketing et en finance, le leadership et les relations humaines, et les compétences en administration opérationnelle. 

En ce qui concerne le leadership, « les CPA passent leur carrière à travailler avec des dirigeants d’entreprises prospères, ils ont donc en main tous les atouts nécessaires pour devenir de bons mentors et conseiller les nouveaux entrepreneurs », fait valoir Frank Magliocco. 

Les compétences en finance, « c’est le pain quotidien des CPA », ajoute-t-il. En effet, ils peuvent aider leurs clients à prendre des décisions éclairées au sujet de leurs activités et à faire croître leur entreprise pour en assurer la prospérité à long terme. Quant aux compétences en administration opérationnelle, les CPA peuvent assurément fournir du soutien pour la rationalisation des processus et l’efficacité des activités.  

Glen Fraser est d’avis que « nous devons retourner aux sources en ce qui a trait à l’éducation, et prouver que la carrière d’entrepreneur est d’actualité et qu’elle peut être très enrichissante ».