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homme regardant un écran d’ordinateur portable avec un air concentré
Littératie financière

Un cours gratuit pour acquérir les bases de la littératie financière

L’université McGill, à Montréal, propose un cours de finances personnelles en ligne ouvert à tous. Deux des formateurs, dont une CPA, reviennent sur le succès phénoménal rencontré par le programme.

En finances personnelles, la compréhension de certains concepts clés et la prise de décisions éclairées peuvent avoir un impact déterminant sur la sécurité financière à long terme.  

Benjamin Croitoru, professeur de finance à l’Université McGill, et sa collègue Amanda Abrams, CPA et directrice du programme CPA, en sont convaincus, eux qui ont participé à l’élaboration du cours de finances personnelles offert par l’Université McGill, en partenariat avec la Banque Royale et The Globe and Mail. 


En savoir plus 


Composée de huit modules (des vidéos en ligne suivies de tests), cette formation gratuite couvre les principaux aspects de la vie financière : budget, endettement, investissement, retraite, immobilier, biais… Depuis le lancement en 2019, le volet obligatoire a été mis à jour et deux modules facultatifs se sont ajoutés (cryptoactifs et investissement responsable), précise Benjamin Croitoru, directeur coordinateur du programme. 

Réfuter certaines croyances 

L’idée du cours vient d’un constat, explique Amanda Abrams : de nombreux Canadiens ont de graves lacunes en littératie financière. « Même si l’information est plus accessible qu’avant, il faut pouvoir la filtrer et la comprendre. Par exemple, pour plein de gens qui comprennent mal les enjeux, la retraite reste un trou noir. »  

Même chose pour certains mythes entourant l’accession à la propriété, poursuit-elle. « Comparativement à l’achat d’une propriété, la location est souvent perçue comme un gaspillage d’argent, alors que le cours Les réalités de l’immobilier montre que, en tenant compte de facteurs tels que les coûts initiaux, les frais cachés ou les opportunités d’investissement, c’est loin d’être toujours le cas. » 

Changer son regard donc, insiste la CPA, mais aussi adopter de nouvelles habitudes, et ce dès son plus jeune âge. « En commençant tôt à s’éduquer et à prendre des décisions éclairées en matière d’argent, les gens peuvent jeter des bases solides pour leur avenir financier. » 

Éviter des erreurs courantes en investissement 

Benjamin Croitoru confirme : « L’impact du temps en finance est déterminant, or les gens ne réalisent pas à quel point de petites décisions peuvent faire toute la différence sur la durée. » Il met en garde contre trois erreurs courantes que tout investisseur devrait éviter : 

  • Payer des frais trop élevés : « Même s’il existe à présent de nombreux produits financiers pour investir à un coût raisonnable, les Canadiens paient encore des frais de placement parmi les plus élevés au monde, en partie à cause d’un manque d’éducation financière. Ils mesurent mal que payer 2 % par année, ce qui peut sembler peu, a un impact énorme. » (Voir l’exemple plus loin.)  
  • Acheter et vendre au mauvais moment : Se laisser guider par ses émotions conduit souvent à vendre à bas prix (quand le marché a déjà baissé, voire chuté) et à acheter ou racheter à prix élevé (quand le marché va mieux depuis un moment et qu’il semble sécuritaire d’investir). « C’est ce que les gens ont tendance à faire naturellement, mais c’est évidemment une catastrophe pour les rendements à long terme », explique le professeur de finance. 
  • Ne pas diversifier suffisamment son portefeuille : « Les Canadiens ont tendance à privilégier les actions canadiennes, car ils confondent familiarité et sécurité, mais pour maximiser les rendements potentiels et minimiser les risques, il est crucial d’investir dans une grande variété d’actifs ». 

Benjamin Croitoru souligne également l’importance de choisir le bon niveau de risque. Bien qu’il n’existe pas de solution universelle, il encourage les investisseurs à examiner attentivement leur tolérance au risque et à envisager de prendre des risques calculés pour améliorer leurs résultats à long terme. Selon lui, bien des gens gardent trop d’argent sur des comptes d’épargne avec des taux d’intérêt très bas, ce qui, sur la durée, leur fait perdre beaucoup d’argent.  

Combien? Concrètement, si vous placez 50 000 $ qui vous rapportent 5 % pendant 30 ans, vous obtiendrez des intérêts de 173 387 $ et le placement total vaudra alors 223 387 $. Mais si votre placement vous rapporte seulement 3 %, les intérêts s’élèveront à 72 842 $ et la valeur du placement atteindra alors 122 842 $, soit presque 100 000 $ de moins. 

Et il rappelle : « La psychologie humaine n’est pas bonne pour investir car elle pousse les gens à reproduire des erreurs classiques qui, à long terme, sont extrêmement coûteuses. Pourtant, une petite demi-heure suffit pour expliquer comment éviter environ 90 % de ces erreurs. C’est ce que j’essaie de faire dans le module sur l’investissement. » Et il faut croire que le message passe bien puisque près de 300 000 personnes ont déjà suivi le cours.