L’automatisation peut améliorer la qualité et la bonne marche des audits
Il est possible de numériser divers aspects de l’audit et de gagner en efficacité en automatisant certaines procédures, pour que les « robots d’audit » se chargent de tâches répétitives. (Getty Images/Cecilie_Arcurs)
Ces derniers temps, vous avez peut-être lu beaucoup de choses sur la façon dont les audits sont transformés par l’automatisation et l’intelligence artificielle (IA). Mais qu’est-ce que ça signifie, concrètement? Et si votre cabinet envisage d’adopter ces nouvelles technologies, par où commencer?
Il est important de comprendre que vous n’avez pas à recourir immédiatement à l’IA. Comme l’explique Yasmine Hakimpour, CPA, CA, directrice de projets, Recherche, orientation et soutien, à CPA Canada, vous pouvez commencer par déterminer les possibilités d’utilisation d’un outil d’automatisation et d’analytique avant de passer à l’IA. « Mettre en œuvre l’intelligence artificielle est un parcours graduel, et non quelque chose qui se réalise en une étape. »
En l’état actuel des choses, il existe des capacités à exploiter du côté de l’automatisation et de l’analytique, à chaque étape d’un processus d’audit. Voici quelques exemples tirés d’une publication produite par CPA Canada et l’AICPA. (Cette publication porte aussi sur les possibilités de l’IA, qui feront l’objet d’un article à paraître ultérieurement.)
PLANIFICATION
Seuil de signification et étendue : L’automatisation robotisée des processus (mieux connue sous son sigle anglais RPA) et l’analytique peuvent servir pour un large éventail de tâches, notamment l’extraction des données de périodes antérieures ou d’états financiers intermédiaires aux fins de la détermination du seuil de signification proposé en fonction d’une fourchette de référence. Comme l’explique Andrew Kwong, CPA, associé, Risques opérationnels, à Deloitte Canada, les mêmes techniques peuvent être utilisées pour déterminer le seuil de signification dans le cadre d’un audit en continu ou en temps réel.
« Bien que l’importance relative soit un aspect pour lequel le jugement de l’auditeur est essentiel, l’analytique peut être utilisée pour soutenir l’évaluation, par exemple en fournissant une analyse comparative et un étalonnage des points de données à prendre en compte pour déterminer cette importance relative. »
Évaluation des risques : L’automatisation robotisée des processus peut être utilisée pour obtenir des informations à partir de bases de données accessibles par abonnement et de sources d’information publiques. À ce propos, M. Kwong mentionne l’extraction des principales mesures financières utilisées dans l’évaluation des risques, l’évaluation de l’indépendance dénuée de jugement ou la collecte de données de marché sur les clients.
« Par exemple, l’automatisation de l’évaluation des risques pourrait mettre en évidence des anomalies dans le flux des revenus et des dépenses, ou dans la rotation des stocks », dit-il.
M. Kwong ajoute que les sources de données tierces peuvent également être utilisées pour cerner automatiquement les incohérences entre ces sources et les fichiers du client. « Dans le secteur immobilier, vous pourriez comparer des données externes concernant les loyers de base mensuels et le taux de vacance à ces mêmes données fournies par le client. »
TRAVAUX SUR PLACE
Automatisation des procédures : Il est possible de numériser divers aspects de l’audit et de réaliser des gains d’efficience en automatisant certaines procédures. Les « robots d’audit » peuvent ainsi effectuer des tâches répétitives grâce à l’automatisation robotisée des processus. Michael Hiley, CPA, associé en audit et certification chez BDO, explique que la RPA diffère de l’IA en ce sens que cette technologie n’est pas en mesure d’apprendre ni de porter un jugement; cela dit, elle peut être d’une aide utile pour les audits internes et externes.
« La RPA peut être utilisée pour reproduire certaines tâches informatiques, explique-t-il. Entre autres, les robots peuvent être mis à contribution pour compiler et comparer des données transactionnelles telles que les mouvements de stocks ou les coûts des produits vendus, ou bien pour copier des données dans différents fichiers d’audit, effectuer des calculs, ou encore reconstituer les états financiers à partir de données sous-jacentes pour formuler des attentes indépendantes des états financiers aux fins de rapprochement. »
Dépenses : L’analytique peut être utilisée pour explorer les charges et déceler les anomalies.
Examen de contrat : La reconnaissance optique de caractères, combinée à une autre technologie, peut servir à extraire les modalités de contrats types pour s’assurer, par comparaison, qu’aucune modification n’a été apportée, ou pour déceler et évaluer les modifications. M. Hiley : « Par exemple, les contrats générateurs de produits des activités ordinaires sur une période donnée peuvent être comparés pour s’assurer que les modalités sont uniformes. L’équipe d’audit pourra se contenter d’analyser certaines modalités seulement pour arriver à une conclusion sur les incidences d’IFRS 15 [Produits des activités ordinaires tirés de contrats conclus avec des clients]. Des sociétés utilisent également des processus semblables pour analyser leurs contrats de location afin d’appliquer IFRS 16 [Contrats de location]. Et des entreprises de télécommunications, qui ont parfois des milliers de contrats de location, utilisent ces outils pour recenser et analyser efficacement les modalités de ces contrats. »
PRÉSENTATION DE L’INFORMATION
Ajustement de la planification : L’automatisation et le recours à la robotisation des processus et à l’IA permettent à l’auditeur de revoir les problèmes constatés et de se concentrer sur leur résolution. Comme le fait observer M. Kwong, ces outils peuvent contribuer à raccourcir le cycle de présentation de l’information.
« La planification est initialement fondée sur les chiffres à une date donnée. Or, l’automatisation de l’audit permet de charger les chiffres de la balance des comptes de fin d’exercice avec les ajustements proposés, en vue d’obtenir des chiffres finaux, automatiquement comparés à l’analyse ayant donné lieu à la planification, dit-il. Les problèmes susceptibles de devoir être réexaminés par l’équipe d’audit sont ainsi mis en évidence. »
CHANGEMENTS ET OCCASIONS
Une fois que vous aurez fait vos premiers pas dans l’utilisation de l’automatisation et de l’analytique pour vos audits, vous serez sur la bonne voie pour passer à l’IA. Comme le répète Mme Hakimpour, la capacité de mettre efficacement en œuvre l’IA dans vos audits ne se développera pas du jour au lendemain. « C’est un parcours qui commence par l’identification des occasions d’automatisation et d’analyse, puis par l’évaluation des leçons apprises, au moment d’évoluer vers l’IA. Au fur et à mesure de votre parcours, vous commencerez à voir s’ouvrir de nouvelles occasions de services d’audit. »
SAVOIR AVANCER DANS L’AVENTURE DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
CPA Canada vous propose des ressources pour vous accompagner à chaque étape de votre parcours d’automatisation et de recours à l’intelligence artificielle. Nous vous invitons à regarder une vidéo intitulée Comment faire pour adopter l’IA? et à lire les documents Introduction d’un CPA à l’IA et Automatisation des processus par la robotique. Dans la publication Audit axé sur les données : incidence de l’automatisation et de l’IA sur l’audit et le rôle de l’auditeur, vous trouverez de nombreux exemples de l’usage de l’automatisation et de l’IA dans les audits, ainsi que de l’information sur l’évolution du rôle de l’auditeur.
Si vous cherchez à élargir vos connaissances sur d’autres sujets tels que les chaînes de blocs, les cryptoactifs ou l’analyse de données, consultez notre liste de ressources technologiques pour CPA.