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La profession

La profession comptable, vue par Sheila Fraser

Leader chevronnée et primée, l’ancienne CPA se penche sur l’importance du titre professionnel et de l’organisation nationale, qui veille toujours au grain.

Suivant notre recommandation, l’IFAC vient de lui décerner un prix soulignant ses efforts en matière de leadership à l’échelle mondiale. Elle s’entretient avec nous au sujet de l’état actuel de la profession et du rôle clé joué par l’organisation nationale, et prodigue des conseils aux CPA, notamment aux femmes qui évoluent dans le milieu. Forte de plus de 40 ans d’expérience et parce qu’elle a gravi les plus hauts échelons au sein des secteurs privé et public, on peut certainement s’en remettre à sa sagesse.  

Quel est le défi de l’heure pour la profession? En quoi consiste sa plus grande force? 

Notre profession a su attirer des gens formidables, qui se démarquent par leur intégrité. C’est ce que révèlent des sondages menés aux quatre coins du globe : les comptables sont reconnus pour leur fiabilité et leur honnêteté. Mais comment alimenter un tel bassin de talents, en continu? Là est la question. 

J’ai souvent entendu dire que notre profession manque un peu d’attrait pour les jeunes générations, ce qui est bien dommage. Les possibilités de carrière sont tellement vastes! Il ne faut pas laisser les gens de grande qualité nous filer entre les doigts. 


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Vous avez tracé la voie pour les femmes, que ce soit dans l’arène comptable ou politique. Quels conseils donneriez-vous aux femmes CPA? 

Les choses ont bien changé depuis que j’ai fait mes débuts, il y a 50 ans. 

À l’époque, les grands cabinets ne se gênaient pas pour dire qu’ils n’engageaient pas de femmes – difficile alors d’obtenir un stage. Heureusement, de nombreuses portes se sont ouvertes, et les femmes ont maintenant accès à des postes de direction au sein de cabinets comptables.  

Mon conseil? Donner le meilleur de soi et faire un métier qu’on aime. Le travail prend beaucoup de place : il faut que ce soit enrichissant et gratifiant. En début de carrière, je me suis promis de changer d’emploi si mes tâches m’ennuyaient ou ne m’apprenaient rien. J’invite tout le monde à honorer une telle promesse. 

Parmi vos réalisations professionnelles, laquelle compte le plus à vos yeux, et pourquoi? 

Mon mandat à titre de vérificatrice générale a marqué un véritable tournant dans ma carrière. 

J’ai eu l’occasion de changer les choses, d’influer sur des programmes gouvernementaux et, à certains égards, sur des politiques, même si de prime abord, celles-ci ne relevaient pas de mes fonctions. Le Bureau du vérificateur général fait du très bon travail. J’ai collaboré avec des personnes hors pair, et je crois que nos efforts ont réellement amélioré la vie des Canadiens. 

Quel avantage unique l’organisation nationale apporte-t-elle à la profession? 

Au cours de ma carrière, il m’est apparu évident que le Canada occupe une place prépondérante sur la scène internationale. Les CPA jouissent d’une solide réputation : on reconnaît leur contribution notable en matière de normalisation et de gouvernance. CPA Canada nous aide à avancer sur l’échiquier mondial. Elle tisse des liens avec des organisations comptables de partout, et tire profit de leur expérience pour favoriser l’adoption de pratiques exemplaires et nous prémunir contre les faux pas.  Les relations que CPA Canada a nouées à l’échelle de la planète valent leur pesant d’or. 

Compte tenu de la situation socioéconomique et géopolitique actuelle, au Canada et à l’étranger, à quoi les CPA doivent-ils porter attention? 

En cette ère de désinformation, il incombe aux CPA de démêler le vrai du faux afin que toute décision, petite ou grande, repose sur des informations fiables. Les CPA ne doivent pas faillir à leurs responsabilités de conseillers de confiance et de gardiens de l’intégrité. 

Les questions ESG sont maintenant au cœur du travail des CPA et des gens d’affaires, ce qui ne fait pas l’unanimité. Que pensez-vous de la situation? 

La profession a un rôle essentiel à jouer dans ce domaine. Les entreprises accordent de plus en plus d’importance aux répercussions des facteurs ESG sur leur performance financière. Reste à savoir comment présenter cette information de façon optimale. Je me réjouis à l’idée que l’International Sustainability Standards Board établira des normes visant à améliorer la présentation de l’information sur les possibilités et les risques liés à la durabilité. Ces normes accroîtront la comparabilité et l’utilité de l’information destinée aux investisseurs.