Les pros de l’IA tracent la voie à Montréal
Les 11 et 12 septembre dernier, les chefs de file canadiens en intelligence artificielle (IA) se sont réunis à l’occasion du congrès ALL IN, tenu à Montréal. L’événement a jeté un éclairage sur ce que la profession comptable peut faire pour favoriser l’innovation, régir l’utilisation de la technologie et renforcer la confiance à son égard. Il a notamment été question de conception et de déploiement responsables de l’IA, de son incidence sur notre économie et du soutien financier au secteur. Voici les principaux points à retenir pour les CPA et entreprises de partout au pays.
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Ne pas remettre à demain
En matière d’adoption de l’IA, nos entreprises traînent derrière leurs consœurs américaines – notre aversion au risque, typiquement canadienne, joue un peu contre nous. Si la prudence est souvent de mise, dans le cas de l’IA, elle s’avère contre-productive parce que cette technologie évolue à toute vitesse. Seuls les essais-erreurs et les leçons qu’on en tire permettront de déterminer quels projets et applications se prêtent bien à l’IA. Vaut mieux y aller à petits pas, s’en servir d’abord pour régler quelques problèmes simples, que d’essayer de l’intégrer partout d’un coup.
Il faut cesser de rejeter ou d’éviter les nouveautés technologiques par peur des risques ou de l’inconnu. Le moment est venu de trouver des façons efficaces de les tester et d’en gérer les risques, et d’ainsi miser sur l’innovation. À titre de leaders, les CPA doivent s’inspirer des réussites passées et partager les leurs. Participer à un groupe de travail ou de réflexion est une autre bonne manière d’apprendre à déployer judicieusement l’IA. Après tout, nous sommes toutes et tous dans le même bateau.
Apprendre de ses erreurs
L’un des conseils qui ont fait grand bruit, au congrès, consiste à considérer l’expérimentation sous un autre angle, à voir les échecs potentiels comme le prix à payer pour progresser, et les connaissances acquises comme le rendement du capital investi. L’idée n’est pas de donner le feu vert à tous les projets. Les organisations doivent plutôt établir un cadre pour évaluer les projets selon divers critères : pertinence des applications, facilité de mise en œuvre, données disponibles et effets concrets.
S’adapter aux besoins
En quoi consiste une mise en œuvre responsable de l’IA? D’une part, il faut tenir compte de questions de sécurité, de transparence et de contrôle, ainsi que des attentes des utilisateurs. D’autre part, il faut veiller à l’employer en fonction de la situation. Pour imager le concept, un panéliste a parlé de privilégier la sécurité en utilisant un couteau à beurre quand c’est l’ustensile qui convient le mieux. Les outils les plus puissants ou les plus dispendieux ne représentent pas nécessairement le meilleur choix : il faut avant tout choisir des solutions adaptées aux besoins définis.
« Il existe toutes sortes de recherches sur le déploiement responsable et sécuritaire de l’IA, ainsi que sur le rôle de la gouvernance et des mesures de sécurité dans ce processus, indique Taryn Abate, directrice, Recherche et leadership intellectuel, à CPA Canada. Nous publierons d’ailleurs un document sur le sujet, prochainement. »
Garder l’environnement en tête
L’IA est une épée à double tranchant : elle recèle un grand potentiel pour lutter contre les changements climatiques, mais son empreinte carbone est considérable. Il faut énormément d’électricité pour entraîner des modèles d’IA et en assurer le fonctionnement. Et c’est sans compter les ressources requises pour bâtir les infrastructures connexes. Pendant le congrès, Sasha Luccioni, responsable IA et climat, à Hugging Face, a mis de l’avant l’importance de comprendre le coût environnemental de tels outils. Retenons qu’entraîner de nouveaux modèles d’IA a une incidence beaucoup plus élevée que de mettre au point les modèles existants, dont il ne faut pas non plus négliger le coût environnemental.
Stimuler les investissements au Canada
Les échanges ont également mis en lumière la nécessité d’investir massivement dans les infrastructures informatiques, de financer la recherche dans le domaine, de promouvoir l’entrepreneuriat et d’instaurer au Canada un climat favorable aux investissements. Les avantages seraient immenses, d’autant plus que nombre de sommités canadiennes de l’IA ont étudié dans des établissements de recherche de premier plan – pensons à Mila (Montréal), à l’Institut Vecteur (Toronto) et à Amii (Edmonton). Mais si nous tardons trop, les conséquences risquent d’être désastreuses.
Chose certaine, les recherches devront conduire à des applications commerciales : c’est la clé de l’avancement de l’IA au Canada, et c’est absolument crucial pour attirer des investissements.
« Grâce à leur expertise et à leur sens des affaires, les CPA ont tout ce qu’il faut pour calmer les inquiétudes suscitées par l’IA et contribuer à l’envol de cette technologie de pointe, soutien Taryn Abate. Leurs efforts pourraient stimuler les investissements et aider à façonner le paysage de l’IA au pays. La profession a tout à y gagner. »
Rappelons que CPA Canada offre aux comptables professionnels une panoplie d’autres ressources pour approfondir leurs connaissances : articles d’actualité, magazine Pivot, page sur les données et technologies.