David Suzuki, Sarika Cullis-Suzuki et Anthony Morgan
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Anthony Morgan à la CBC : la nature fait bien les choses

Cet automne, Anthony Morgan a commencé à coanimer The Nature of Things, la série documentaire culte de CBC. Il évoque son approche de l’enseignement des sciences, concrète, ludique, plus que jamais essentielle.

David Suzuki, Sarika Cullis-Suzuki et Anthony MorganCe n’est qu’une fois dans le sarrau d’un animateur du Centre des sciences de l’Ontario qu’Anthony Morgan a été pris de passion pour les sciences. (Avec l’autorisation de CBC)

Anthony Morgan avoue qu’il n’était pas particulièrement féru de science à l’adolescence.

S’il se savait doué en la matière, ce n’est qu’une fois dans le sarrau d’un animateur du Centre des sciences de l’Ontario qu’il a réellement été pris de passion pour le sujet. Jouer les savants, éblouir la galerie par l’évocation de faits scientifiques, mener des expériences ingénieuses : un véritable déclic pour celui qui poursuit à présent des études doctorales en sciences moléculaires à l’Université métropolitaine de Toronto.

« La compréhension des rouages de la nature m’ouvrait tout à coup une porte vers l’extraordinaire. Un peu comme un superpouvoir », s’enthousiasme-t-il.

Depuis, Anthony Morgan s’est fait connaître par son approche singulière des sciences, qui marie l’éducatif à l’amusant, souvent dans le spectacle. L’homme ne recule devant rien. Ce que confirmeront assurément les badauds l’ayant vu se sceller sous vide sur la devanture d’un magasin de Toronto!

Intrépide, passionné, Morgan a multiplié les apparitions dans des émissions scientifiques, notamment à la CBC et au Discovery Channel, où son amour pour la science crevait l’écran.

Désormais résolument tourné vers son prochain défi, c’est-à-dire coanimer avec Sarika Cullis-Suzuki l’incontournable série The Nature of Things, à la CBC, Anthony Morgan se prépare une fois de plus à faire valoir son style bien à lui, ainsi que de sages leçons prodiguées par son prédécesseur, l’emblématique David Suzuki.

Que manque-t-il, selon vous, dans le discours actuel sur les sciences?

Je crois que, trop souvent, on résume la science à une collection de savoirs didactiques : le cycle benzénique, la fonction de la chlorophylle… C’est ennuyeux, et difficile à retenir. Pour moi, la science, ce n’est jamais que la recherche de réponses aux innombrables énigmes que le monde nous présente. Bref, c’est de la résolution de problèmes. À la portée de tous, et applicable partout. C’est simplement une question d’approche, pour réussir à élucider le mystère.

Quel est votre secret pour aborder la science et son enseignement?

J’aime le côté naturel, désinvolte. Je veux m’éloigner de l’idée que la science appartient aux salles de classe, au cours magistral. Je ne suis pas professeur, pas plus que vous : nous sommes tous engagés dans cette grande aventure, comparses explorateurs, comme dans la bande dessinée Calvin et Hobbes, où le petit garçon et son tigre en peluche, inlassables, sont jour après jour en quête de réponses et de découvertes. Et au départ, il y a toujours un problème, une étrangeté, qui attire notre curiosité et nous rallie dans la réflexion. Que savons-nous? Et d’où proviennent nos certitudes? Comment tester nos hypothèses? Où sommes-nous susceptibles de faire fausse route? Quels pourraient être les angles morts dans notre raisonnement?

Pourquoi vouloir un enseignement des sciences interactif et accessible, même pour les adultes?

En fait, les adultes sont les premiers visés ici. À preuve, l’humanité vient de passer trois ans à s’interroger sur la voie à suivre pour juguler une pandémie, dans la dissension, sans consensus. À ma connaissance, la science a toujours été notre plus grande alliée, par le passé, pour nous aider à résoudre les problématiques les plus complexes. Mais il nous faut aussi autre chose comme outil. Nous aurions beau déployer toute la science du monde, si nous demeurons incapables de coopérer, de nous entendre sur les stratégies à adopter, nous ne ferons que tourner en rond. Il est donc crucial de se mettre d’accord sur les principes de base, et de savoir démêler le vrai du faux.

Parlez-nous de votre prochaine mission, jouer le rôle de coanimateur pour The Nature of Things.

Ce que j’aimerais transmettre par-dessus tout dans l’émission, c’est une sorte de curiosité ludique, et l’idée qu’il n’y a pas de questions idiotes. Que même les questions les plus saugrenues méritent d’être posées, celles qui nous rejoignent dans notre quotidien, au carrefour de la science et de la société. Et qu’aucun sujet n’est trop bête, trop profond ou trop choquant pour s’y intéresser, bref, que nous sommes libres de braquer notre lunette scientifique sur toutes sortes d’idées folles, bizarres ou drôles. Pour moi, rien n’est plus amusant que d’étancher ma soif de savoir, d’aborder des concepts déroutants, devant une foule d’inconnus.

Qu’est-ce qui vous enthousiasme le plus à l’idée d’endosser ce nouveau rôle?

Par où commencer! Mon travail consiste essentiellement à être aussi curieux qu’un bambin de six ans. Je me pose des questions, je rends visite à des sommités, et je leur demande comment telle ou telle chose fonctionne, et pourquoi. Difficile d’être plus heureux.

Remplacer David Suzuki à la barre de l’émission représente assurément un défi de taille. Vous a-t-il offert quelques conseils?

Oui, un en particulier. Il m’a dit : « Ne cherche pas à marcher sur mes pas. Sois toi-même, et trace ta propre voie. Si on t’a choisi comme animateur, c’est pour ta façon bien à toi d’aborder la science et d’interagir avec le public. Alors n’essaie pas d’être comme moi, laisse plutôt ton naturel curieux te guider. » J’ai pris bonne note de ce sage conseil, et c’est précisément ce que je tâcherai de faire dès cet automne.

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