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Une photo de Betty Ferreira
La profession

La mission de cette CPA : soutenir les OSBL

À dix ans, Betty Ferreira a eu une vision qui a marqué un tournant dans sa vie et celle de milliers de gens. Aujourd’hui, elle met ses compétences de CPA et son sens des affaires au service du secteur philanthropique.

Dans un Canada en pleine reprise post-pandémique, le secteur des OSBL continue de se heurter à de profonds défis pour s’adapter aux nouvelles réalités mondiales. De l’inégalité croissante des revenus, de l’inflation et de l’inaccessibilité au logement naît une demande sans précédent pour les services offerts par les quelque 170 000 OSBL et organismes de bienfaisance enregistrés au pays

Selon CanaDon, un Canadien sur cinq utilise des services de bienfaisance pour répondre à ses besoins essentiels et près de 60 % des organismes de bienfaisance peinent à répondre à la demande. Et cette demande criante se manifeste à un moment où les dons chutent. Déjà, en début de pandémie, le taux de Canadiens faisant des dons était en baisse depuis onze années consécutives, ayant reculé de 23,4 % en 2010 à 17,7 % en 2021. Le secteur traverse une période tumultueuse et cherche à se doter de stratégies innovantes et à tirer parti des technologies comme l’IA pour optimiser ses ressources et maximiser son rayonnement. C’est ici que Betty Ferreira entre en jeu.  


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Betty Ferreira, fondatrice de ReStructure Consulting, une société de conseil en gestion de Toronto qui fournit des conseils stratégiques et financiers à des organismes communautaires, compte des décennies d’expérience et est nourrie par une quête entreprise dès l’âge de dix ans. En effet, tout a commencé lorsque, un jour d’hiver, accompagnée de son père, elle a vu pour la première fois une personne sans-abri. Elle revoit cet homme qui gisait sur le trottoir glacé et humide et se souvient s’être sentie troublée et avoir voulu lui venir en aide sur-le-champ. Elle ne pouvait concevoir qu’aucun programme n’ait été créé par le gouvernement pour empêcher que des gens se retrouvent à la rue. 

Il n’en fallut pas plus pour que Betty Ferreira décide de faire carrière dans le secteur des OSBL. Jeune adulte, elle devient bénévole auprès d’Eva’s Place, initiative visant à ouvrir un refuge pour les jeunes sans-abri du Grand Toronto. Après avoir obtenu un baccalauréat en sociologie de l’Université de Toronto, elle commence à travailler à temps plein à Eva’s Place, où elle supervise la collecte de fonds et veille à l’organisation de l’ouverture du refuge en 1994.  

« Cette expérience m’a fait comprendre l’importance du financement pour la survie des OSBL, affirme la philanthrope. J’ai vu de nombreux refuges pour jeunes éprouver des difficultés dues à des compétences financières limitées. » 

Betty Ferreira a elle-même connu son lot de difficultés en la matière, en particulier lorsqu’elle a occupé le poste de directrice générale par intérim à Eva’s Place. « À un certain point, j’avais peur que le trésorier me pose une question à laquelle je ne saurais répondre. Je me suis dit qu’il fallait que ça change, et j’ai décidé de me spécialiser en financement. J’ai commencé par enrichir mes connaissances, pour constater qu’aider d’autres OSBL me procurait beaucoup de satisfaction. » 

Après presque 10 ans, Betty Ferreira quitte Eva’s Place pour relever de nouveaux défis, avant de lancer ReStructure Consulting en 2005. Désireuse de renforcer ses compétences, elle devient CPA en 2013. Par le truchement de ReStructure, l’entrepreneuse conseille de nombreux organismes de bienfaisance, fondations, entreprises sociales et services locaux d’administrations publiques. Son approche lui permet de créer des stratégies à long terme en matière de leadership et de finance. En 2018, on lui décerne le titre de FCPA pour les efforts qu’elle a déployés à promouvoir le financement des OSBL.  

Mais ses efforts ont permis avant tout de faire évoluer les mentalités de dirigeants et d’employés d’OSBL en leur montrant à accepter le changement. La clé selon elle : miser sur l’inclusion, la mobilisation et la prise en compte des points de vue des parties prenantes.   

Betty Ferreira a aussi amené certains clients à outrepasser les stéréotypes souvent véhiculés dans le secteur. « Certains clients ont un état d’esprit de pénurie quand il s’agit de financement. Ils sont convaincus que le sous-financement est la règle dans le milieu, dit-elle. C’est à la fois vrai, et faux! Cette mentalité affaiblit perpétuellement le modèle économique des organismes, même lorsqu’il est possible de faire mieux. » 

Dans un monde imprévisible où tout évolue rapidement, le travail de Betty est plus nécessaire que jamais. Surtout au Canada, où les OSBL génèrent environ 8 % du PIB et emploient 10,8 % de la main-d’œuvre à temps plein. « Les organismes doivent repenser leur façon de voir les choses, mettre à profit de nouvelles méthodes, et gérer les risques nouveaux et inconnus », explique Betty Ferreira, qui conseille à ses clients d’adopter des approches novatrices comme la fusion ou la prestation conjointe de programmes avec des organismes analogues, des modèles de rémunération à l’acte, ou même le recours à  des spécialistes de l’IA et du marketing pour renforcer leurs activités de financement et leurs services.  

En 2018, elle lance sa deuxième entreprise, Goodcasting, qui lui permet d’offrir des services de conférence, des formations et des services-conseils aux entités à vocation sociale. « Il reste beaucoup à faire », admet la CPA philanthrope, qui offre des webinaires sur le financement et des conférences sur la gestion en entreprise et en milieu  communautaire. Trente ans après l’ouverture du refuge Eva’s Place (devenu Eva’s Initiatives for Homeless Youth), la demande pour ses services n’a malheureusement jamais été aussi forte. C’est aussi la réalité de nombreux OSBL qui répondent à des besoins essentiels, comme se nourrir et se loger. Néanmoins, Betty Ferreira demeure optimiste quant à la capacité des OSBL à s’adapter et à réussir. « La pandémie a incité les OSBL à diversifier leurs sources de revenus et à explorer de nouveaux modèles économiques, explique-t-elle. Le regain d’intérêt pour le financement social et la refonte du modèle économique traditionnel du secteur philanthropique m’inspirent, et je suis fière d’avoir un siège à la table. »