Les pronoms personnels au travail : que dire? que faire?
Au début d’une présentation ou d’une réunion, mentionner quel pronom on doit utiliser pour vous est une façon d’établir un environnement bienveillant et ouvert. (Getty Images/Adam Hester)
En cette époque où les organisations mettent davantage l’accent sur les pratiques de diversité, d’équité et d’inclusion, Riley Turnbull, CPA et directrice de projets au Conseil sur la comptabilité dans le secteur public (CCSP), se réjouit de voir la question des pronoms personnels abordée dans les milieux de travail.
« Les gens sont beaucoup plus conscients de cette réalité, dit-elle. Avant, il y avait beaucoup plus d’appréhension et d’incertitude quant aux pronoms à utiliser. »
Comme femme transgenre, Mme Turnbull sait de quoi elle parle. « Tenir compte des pronoms personnels privilégiés supprime l’inconnu. On crée ainsi un environnement bienveillant pour tout le monde, où nous acceptons les gens tels qu’ils sont », dit-elle.
La Journée internationale des pronoms, le 20 octobre, est un moment idéal pour lancer une discussion qui peut se poursuivre en tout temps. Voici quelques éléments à garder à l’esprit au sujet des pronoms au travail.
1. INSTAURER UN CLIMAT DE BIENVEILLANCE
La façon la plus rapide de faire évoluer les choses, c’est par vos propres actions. « En montrant l’exemple, vous instaurez un climat d’ouverture, pour que les autres vous disent qui ils sont et comment ils veulent qu’on s’adresse à eux », déclare Michael Bach, fondateur du Centre canadien pour la diversité et l’inclusion, établi à Toronto, et chef de la direction de CCDI Consulting.
Évoquer son propre choix de pronoms personnels dès le début d’un exposé ou d’un entretien d’embauche, par exemple, est une pratique respectueuse à encourager. « Un simple “Je m’appelle Mark et je souhaite qu’on parle de moi en disant il” permet de faire comprendre aux autres que je ne fais pas de cas des pronoms qu’ils ou elles préfèrent qu’on utilise quand on les mentionne; ces autres personnes seront plus à l’aise de faire de même », explique-t-il.
2. FAIRE PREUVE D’OUVERTURE
Encourager les employés à inclure leurs pronoms dans leur bloc-signature de courriel et leur profil en ligne est « un geste simple mais très puissant que les employeurs peuvent faire, affirme M. Bach. Ça permet de susciter la réflexion et d’aider les gens à comprendre l’importance des pronoms personnels ».
Fournissez des instructions simples aux employés pour leur montrer comment mettre à jour leur signature sur des plateformes telles que Webex, Zoom, Teams ou le logiciel de courrier électronique, conseille M. Bach. « Si c’est trop compliqué, les gens ne le feront pas. »
L’ajout de pronoms aux signatures « envoie un message d’inclusion, mais il faut que ce soit volontaire, fait observer M. Bach. Si une personne ne veut pas prendre part à ce mouvement, c’est bien aussi. Plus vous en faites un plat, plus la question peut devenir conflictuelle ».
3. RÉFLÉCHIR AVANT DE PARLER
Il est très facile d’employer des expressions courantes quand on s’adresse à un groupe. Lorsque vous utilisez des termes comme « mesdames » ou « eh, les filles! », vous supposez que les femmes de votre auditoire s’identifient toutes comme des femmes. Si vous vous adressez parfois à des groupes en anglais et que vous dites « eh, guys! » dans le sens générique du terme (« eh, vous tous! »), en pensant ne pas être sexiste, détrompez-vous : ce n’est pas toujours perçu ainsi, commente M. Bach. « Certaines personnes pourraient interpréter cela comme voulant dire hé, les gars! et en être vexées. »
Mme Turnbull abonde dans ce sens, et ajoute qu’il ne faut pas présumer que tout le monde est binaire (se définit comme homme ou comme femme). Elle suggère de s’efforcer d’employer un langage plus inclusif.
« Au lieu d’utiliser mesdames et messieurs, pensez à dire Bonjour tout le monde ou Bon week-end, chers et chères collègues. Ce sont là des tournures inclusives. »
M. Bach conseille aussi de prendre conscience du fait que la langue – anglaise dans son cas, mais aussi la langue française – comprend des mots fortement connotés au masculin tels que policeman, fireman et ombudsman. Ces mots bien ancrés sont encore utilisés par beaucoup de locuteurs anglophones, par habitude. Mentionnons aussi des termes comme « man up » (notre « fais un homme de toi ») pour dire « ressaisis-toi », ou encore la très douteuse expression « le travail d’une femme n’est jamais terminé », pour rappeler à quel point les tâches ménagères sont un véritable rocher de Sisyphe.
« Tout le monde y gagne, quand on a le souci d’éviter des mots ou des tournures contestables », soutient M. Bach.
Riley Turnbull, CPA, se réjouit du dialogue qui a pris forme en milieu de travail au sujet des pronoms, ainsi que du sentiment de bienveillance et d’acceptation qui en résulte. (Photo fournie par Mme Turnbull)
4. FAIRE PREUVE DE RESPECT
Lorsque vous créez des formulaires, demandez-vous s’il est vraiment nécessaire de demander le sexe de la personne. Le cas échéant, abstenez-vous d’inscrire l’option « Autre », met en garde M. Bach. « Aussi, il est important de permettre aux gens d’exprimer la manière dont ils s’identifient, qu’il s’agisse de “il/lui”, “elle”, “iel”, “they/them” (en anglais), etc. »
Il est également important d’employer le pronom voulu par un employé, quel qu’il soit.
« Remettre en question la validité des pronoms personnels de quelqu’un, ça ne se fait pas, dit Mme Turnbull. C’est une question de sécurité pour certains. Et ça ne concerne pas seulement des personnes LGBTQ; ça concerne tout le monde. Le fait d’accepter publiquement les pronoms personnels envoie le message que nous pouvons nous efforcer de créer un monde plus équitable. »
5. CONTINUER D’APPRENDRE
Si vous souhaitez en savoir plus sur le genre et les pronoms personnels, plusieurs ressources peuvent vous y aider.
« La meilleure ressource sur la notion de genre en général, c’est Personne Gingenre, pense M. Bach. Il s’agit d’un outil fantastique, qui aide vraiment les gens à comprendre les différences entre, par exemple, l’identité de genre et l’expression de genre (qui sont des notions différentes). Vous pouvez également en apprendre plus sur les pronoms (en anglais) en consultant le site mypronouns.org. »
Enfin, Mme Turnbull conseille de ne pas vous décourager, de continuer d’approfondir vos connaissances du sujet.
« Ne vous culpabilisez pas si vous faites une erreur, dit-elle. Nous sommes tous en mode apprentissage pour ce qui est du langage inclusif. Oubliez la perfection, il est normal de faire des erreurs. Prenez-en conscience et dites-vous que vous avez appris quelque chose! »
APPROFONDISSEZ VOS CONNAISSANCES
Découvrez comment établir un milieu de travail accueillant pour toutes les personnes, quelle que soit leur identité de genre; voyez comment entretenir l’esprit de la Fierté tout au long de l’année; et apprenez pourquoi être un bon allié au travail a de l’importance.