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Affaires et économie

Peinant à rembourser leurs dettes, la plupart des Canadiens estiment que les baisses de taux d’intérêt ne leur seront d’aucune aide

Un sondage de CPA Canada et de BDO Solutions à l’endettement révèle une importante baisse du niveau de confiance des consommateurs partout au Canada.

Alors que la Banque du Canada abaisse son taux directeur pour la deuxième fois en deux mois (la dernière baisse datant de juin), les Canadiens ne s’attendent pas à ce que les baisses futures aient un effet favorable sur leur niveau d’endettement, selon un nouveau sondage.

Ce sondage conjoint de CPA Canada et BDO Solutions à l’endettement a été mené en juin, à la suite de la première baisse du taux directeur en quatre ans. On peut y voir que plus de la moitié des Canadiens (52 %) doutent de voir leurs difficultés financières s’atténuer si les taux diminuent, et 48 % des répondants subissent encore l’effet des hausses des années précédentes. 

« Même si la Banque du Canada continue d’abaisser son taux directeur, l’économie continuera de subir les conséquences des hausses passées », soutient David-Alexandre Brassard, économiste en chef à CPA Canada. « Supposons que le taux retombe à 3 % en 2025 : les consommateurs qui doivent renouveler leur prêt hypothécaire seraient alors touchés par ces hausses jusqu’en 2027, soit cinq ans après que le taux a atteint 3 % la dernière fois. » La Banque du Canada a changé de cap, ayant fait passer à 4,5 % le taux directeur de 5 %, qu’elle maintenait au même niveau depuis juillet 2023. 

On constate dans le sondage que 70 % des Canadiens disent ne pas avoir été touchés par la baisse du taux directeur de juin. Si le taux continue de baisser, plus de la moitié des Canadiens (52 %) s’attendent à ce qu’il n’y ait aucun effet sur leur niveau d’endettement.

Les jeunes Canadiens peinent particulièrement à rembourser leurs dettes

La montée en flèche du taux directeur à 5 % depuis 2022, après un creux historique de 0,25 % en 2020, a entraîné une grande incertitude financière chez les Canadiens. 
Près de la moitié des personnes interrogées (48 %) disent avoir ressenti un effet négatif sur leur niveau d’endettement à la suite de la hausse des taux, les résidents de l’Ontario (52 %) et les Canadiens de 35 à 54 ans (58 %) étant les plus touchés. En revanche, plus de la moitié des personnes âgées de 55 ans et plus (57 %) indiquent ne pas avoir ressenti d’effet négatif.

« Même si la baisse des taux d’intérêt se poursuit, il semble que le niveau d’endettement soit devenu ingérable pour plus de la moitié de la population », déclare Nancy Snedden, syndic autorisée en insolvabilité et cheffe de service chez BDO Solutions à l’endettement. « Sur une note plus positive, le sondage révèle que le remboursement des dettes demeure un objectif financier important pour beaucoup de Canadiens. » 

Le remboursement des dettes est une priorité particulièrement importante pour les 35-54 ans (35 %), tandis que les moins de 35 ans ont comme priorité de mettre plus d’argent de côté (33 %) et d’acheter une propriété (15 %).   

Les Québécois semblent mieux s’adapter

Selon les données du sondage, 58 % des Québécois considèrent que les hausses de taux d’intérêt n’ont eu aucun effet sur leur niveau d’endettement. « D’après les résultats du sondage, les Québécois semblent un peu mieux composer avec les taux d’intérêt élevés et la hausse du coût de la vie », remarque David-Alexandre Brassard. 

« La demande des consommateurs est demeurée forte, ce qui se traduit par une inflation persistante dans la province », continue-t-il. « De nombreux facteurs entrent en jeu, dont le prix des habitations légèrement plus abordable, le vieillissement de la population et une plus forte augmentation du revenu disponible. »

Malgré ces perspectives plus favorables, de nombreux résidents du Québec (39 %) ont indiqué avoir ressenti un effet négatif à la suite des hausses de taux d’intérêt de 2022 et 2023.

Alors que les taux sont à la baisse, les Canadiens ont comme priorité de mettre plus d’argent de côté (28 %) et de rembourser leurs dettes (28 %). « Il est très encourageant de voir que 56 % des Canadiens se concentrent sur l’amélioration de leur situation financière », souligne David-Alexandre Brassard. 

« On constate aussi que les jeunes sont plus sensibles qu’auparavant à l’importance des priorités financières, ce qui laisse entendre que les difficultés à ce chapitre sont synonymes de prise de conscience. »

Méthodologie

Léger a mené le sondage Omnibus en ligne à propos de l’incidence des taux d’intérêt sur les finances personnelles des Canadiens du 28 juin au 2 juillet 2024 auprès d’un échantillon aléatoire de 1 521 Canadiens de 18 ans ou plus.