Prudence avec l’option « payez plus tard » pour vos achats en ligne!
Les options de paiement différé augmentent la valeur des commandes : les consommateurs achètent plus que prévu parce qu’ils peuvent échelonner le paiement. (Getty Images / Nitat Termmee)
« Payez en quatre versements sans intérêt. » Vous avez sans doute déjà vu ce genre d’offre sur vos sites de commerce en ligne favoris.
Communément appelées « achetez maintenant, payez plus tard », ces offres de paiement différé gagnent en popularité, aidées en cela par la croissance des ventes en ligne et la progression du commerce électronique attribuables à la pandémie de COVID-19. Selon un récent rapport, en 2021, la croissance de ce type de services avoisinera les 55 % et ce marché atteindra près de 4 G$ US.
Le concept n’est pas nouveau (il date en fait de plus de 200 ans!), mais la technologie l’est. Les détaillants de toutes tailles l’intègrent à leur plateforme de commerce électronique par le truchement de fournisseurs comme Affirm, Klarna et AfterPay. Les grandes banques, telle la Banque Scotia, et les sociétés comme Visa ne sont pas en reste.
Voici trois aspects à surveiller si vous choisissez ce mode de paiement.
1) DÉCOUVREZ LES ROUAGES
Connaître le fonctionnement de l’option « achetez maintenant, payez plus tard » permet de comprendre que ce n’est qu’un type de prêt de plus, disent les experts.
En bref, c’est un service de technologie financière sous forme de prêt à tempérament grâce auquel les consommateurs peuvent régler leurs achats en plusieurs versements égaux plutôt qu’en totalité sur-le-champ. Le premier versement est exigible immédiatement; les autres, sur une période déterminée – habituellement en quatre versements, mais les modalités varient.
« Le consommateur n’a qu’à cliquer sur un bouton pour payer en quatre versements. C’est tout! », explique Michael LeBlanc, expert en commerce de détail, fondateur et président de M.E. LeBlanc & Company.
Il faut d’abord donner quelques renseignements personnels de base et préciser un mode de paiement pour le prélèvement des versements (la plupart du temps, une carte de débit ou de crédit) en remplissant une demande à la caisse en ligne (ou directement sur le site du fournisseur du service). Une enquête de solvabilité non enregistrée, c’est-à-dire sans incidence sur la cote, peut aussi faire partie du processus.
Une fois la demande approuvée, généralement en quelques secondes, le consommateur peut utiliser le service pour de multiples achats, sur tous les sites de vente au détail partenaires de ce fournisseur.
C’est là que les ennuis peuvent commencer, souligne Jean-Marie Chan Kin, CPA, fondateur de Money Coach JM. En effet, les critères d’approbation, moins stricts que ceux du crédit traditionnel, se traduisent souvent par un accès facile au crédit malgré une mauvaise cote de solvabilité ou l’absence d’antécédents.
« Céder à la tentation de dépenser plus pour combler des envies qu’il faudra payer plus tard au détriment des besoins risque de mener à l’endettement. On en revient à la base : ne pas dépenser plus d’argent qu’on en gagne ».
2) ÉVITEZ DE SAUTER DES VERSEMENTS
L’attrait de ce service réside dans les versements sans intérêt, mais attendez-vous à des pénalités si vous en manquez un.
Les conséquences (intérêts, frais de retard, suspension de compte) varient d’un fournisseur à l’autre. Le service PayBright par Affirm n’impose pas de frais, mais interdit d’effectuer d’autres achats. AfterPay plafonne les frais de retard à 25 % de l’achat et suspend les comptes affichant des versements en souffrance.
Pourtant, les consommateurs prennent du retard. Selon une récente étude de Credit Karma aux États-Unis, 34 % des utilisateurs de ces services de paiement différé ont sauté un ou plusieurs versements, et 72 % pensent que ce manquement s’est répercuté sur leur cote de crédit.
Blair Evans, CPA, directeur général, Planification fiscale et successorale à IG Gestion de patrimoine, recommande de lire attentivement les conditions générales pour connaître les pénalités avant d’utiliser le service. Bien des gens négligent de le faire, déplore-t-il, du fait de la nature instantanée du service, et pressés qu’ils sont de régler la transaction. Les aubaines à durée limitée et articles en quantité limitée incitent souvent les consommateurs à se hâter de passer à la caisse.
« Faites preuve de vigilance dans vos achats. Demandez-vous si vous achèteriez quand même cet article s’il vous fallait le payer tout de suite en totalité. »
De plus, les gens doivent faire le suivi de leurs achats à payer plus tard, des fournisseurs utilisés (s’il y en a plusieurs) et des comptes de débit ou de crédit où sont prélevés les versements, pour s’assurer de les maintenir en règle.
3) GARDEZ LE CONTRÔLE DE VOS DÉPENSES
Les services « achetez maintenant, payez plus tard » répondent au désir des consommateurs d’avoir du choix, précise M. LeBlanc.
« Offrir du choix, c’est la mégatendance de l’heure. Nous avons pris l’habitude d’avoir du choix et recherchons volontiers les options. »
Ces solutions auparavant réservées aux achats importants sont désormais offertes pour les petits achats aussi. Des meubles aux vêtements, des billets de concert aux voyages, ce type de service s’impose parmi les modes de paiement privilégiés, en particulier chez les jeunes générations Y et Z, cibles de prédilection de ces offres, révèle l’étude de Credit Karma.
D’autre part, ces options gonflent la valeur des commandes, poursuit M. Leblanc, car la perspective de versements échelonnés incite les consommateurs à acheter plus que prévu.
La facilité de la transaction augmente aussi le risque de trop dépenser et de perdre le fil des dépenses, prévient M. Evans, spécialement dans les cas d’utilisation de plusieurs services de paiement différé, sur de multiples sites de vente au détail. « Assurez-vous que chacun de vos achats respecte votre budget global et votre plan financier. »
« Et surtout, aucun achat ne doit nuire à vos objectifs de retraite ou d’épargne. C’est primordial. »
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