Récession en vue? Les PME se préparent, avec l’aide des CPA
Grâce au savoir-faire des CPA, les entreprises pourraient dégager des liquidités et accroître leur rentabilité. (Getty Images/gahsoon)
La récession qui se profile peut-être à l’horizon de 2023 préoccupe les PME. Kevin Meyler, CPA, chef national aux services de restructuration et de redressement de BDO à Calgary, se dit néanmoins optimiste, car un nombre croissant d’entreprises communiquent avec le cabinet pour adopter des stratégies en amont. « Elles veulent se préparer contre la hausse des taux d’intérêt et la montée de l’inflation. »
Voici quelques-uns des secteurs clés où les CPA peuvent prêter main-forte aux clients aux prises avec le spectre d’une récession.
ANALYSER ET PRÉVOIR LES FLUX DE TRÉSORERIE
C’est la première étape pour tout chef d’entreprise, précise Jean-Marie Chan Kin, fondateur et directeur de Money Coach JM, à Toronto. « Il faut absolument examiner les rentrées et sorties pour déterminer comment les manier au mieux. »
« Nous ne cessons de le répéter, les liquidités revêtent une importance capitale en temps de récession, note Kevin Meyler. Nous encourageons la direction à réaliser des prévisions des flux de trésorerie à court et à long terme, afin de faire le point sur les répercussions de différents scénarios. Et si les taux d’intérêt augmentaient de 2 %? Et si les ventes chutaient de 10 %? Quelles seraient les conséquences? »
Il faut rester pragmatique : inutile de recourir à une démarche scientifique, ajoute Jean-Marie Chan Kin. « Il faut simplement envisager un scénario optimal, un autre plus réaliste, et un dernier, qui présente l’issue la plus défavorable. De cette façon, l’entreprise sera parée à toute éventualité. On espère que le meilleur cas de figure se présentera, mais on se prépare au pire. »
TROUVER COMMENT ACCROÎTRE LA RENTABILITÉ
Un examen en profondeur des activités peut aider les entreprises à voir où dégager des liquidités et accroître la rentabilité, poursuit Kevin Meyler. « Une évaluation indépendante peut permettre à l’entité de se recentrer sur des secteurs qui se portent bien ou qui sont en croissance. Nous recommandons souvent une analyse sectorielle pour déterminer si derrière une division qui affiche un rendement médiocre s’en cache une autre qui rapporte quant à elle des rentrées appréciables. Ou alors, peut-être est-il possible de vendre des actifs, ou bien des éléments inutilisés ou excédentaires, pour dégager des liquidités? »
« Il s’agit de rationaliser les capacités là où on le peut », recommande Troy MacDonald, CPA, leader-conseil national chez Grant Thornton à Toronto. « Par exemple, dans le secteur manufacturier, si l’organisation a adopté le modèle de deux quarts de travail, elle pourra peut-être revenir à un seul quart de travail, même si elle doit abandonner certaines activités. Parfois, mieux vaut réduire le chiffre d’affaires brut pour protéger le résultat net. Le moment pourrait être bien choisi pour chercher comment mieux tirer parti des installations actuelles, ou pour se tourner vers de nouveaux locaux.
PASSER EN REVUE LES PROFILS D’ENDETTEMENT
En cette époque de taux d’intérêt élevés et de liquidités limitées, les entreprises pourraient vouloir explorer des possibilités de restructuration de la dette, observe Troy MacDonald. « Certaines voudront peut-être prolonger les périodes d’amortissement pour accroître les liquidités. Si le moment est venu de renouveler les conditions des prêts ou même d’emprunter davantage, il sera peut-être préférable de ne pas prendre d’emprunt à long terme, puisque les difficultés pourraient s’aplanir ou s’atténuer en 2024. »
« Les CPA peuvent apporter leur aide en passant en revue les conventions de crédit et en déterminant si leurs clients disposent de prêts adaptés et de conditions bancaires appropriés, continue Kevin Meyler. Il faut examiner s’il y a des possibilités d’emprunt qui leur permettraient de surmonter la récession. Il est plus facile d’obtenir du nouveau financement quand on n’en a pas besoin. »
RÉDUIRE LES RISQUES DE RECOUVREMENT
Selon Troy MacDonald, les clients doivent aussi réfléchir au problème des créances irrécouvrables. « Il peut être risqué de faire crédit aux clients, et il faut faire preuve de rigueur dans les mesures de recouvrement. L’entreprise doit éviter de se surexposer au risque. La faillite d’un client d’envergure pourrait entraîner sa chute. »
Il est conseillé de procéder à un examen de la clientèle. « Parfois, il faut se résoudre à dire au revoir aux clients qui ne sont pas rentables ou qui accusent trop de retard dans leurs paiements, souligne Kevin Meyler. S’ils manquent de liquidités, il se peut qu’ils soient incapables de payer leurs factures, dans l’immédiat et à l’avenir. » Ce type de décision est difficile à prendre quand le client apporte un volume intéressant, mais s’il risque de ne jamais payer, la prudence est de mise. « Un client qui prend du retard éprouve sans doute lui-même des problèmes. » (Peut-être a-t-il du mal à se faire payer, lui aussi.)
Si les entreprises préfèrent néanmoins garder leurs clients qui tardent à acquitter leurs factures, elles peuvent tout simplement redoubler de vigilance, ajoute-t-il. « On peut modifier les modalités de paiement et opter pour un règlement sur livraison, ou demander un dépôt avant de commencer le travail. Proposer un escompte pour paiement anticipé pourrait être envisageable.
DIALOGUER AVEC PRÊTEURS ET FOURNISSEURS
Si une entreprise a pris du retard dans ses paiements, il lui sera peut-être possible de renégocier avec ses créanciers et fournisseurs, précise Kevin Meyler. « Rappelez-vous, ils ne souhaitent pas votre perte, au contraire… Ils ont tout intérêt à voir leurs clients prospérer. »
« L’entrepreneur est invité à communiquer régulièrement avec les prêteurs, conseille Troy MacDonald. Il faut maintenir un contact étroit avec eux. S’il se montre proactif et qu’il les tient informés, ils n’auront pas de mauvaises surprises, si des moments difficiles approchent. »
C’est aussi le moment de négocier de meilleures conditions et de revoir la tarification, en communiquant avec les principaux fournisseurs, ajoute-t-il. « Le marché actuel est favorable aux acheteurs. »
Comme le souligne Kevin Meyler : « On ne peut pas changer la conjoncture, mais on peut revoir la façon d’y réagir. C’est pourquoi il est important d’agir en amont. »
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