Envie de travailler après avoir pris votre retraite? Voici ce que vous devez savoir.

Avant de se lancer dans une seconde carrière, les CPA retraités doivent réfléchir à leurs valeurs, à ce qu’ils veulent et à ce qu’ils ont aimé dans leur carrière, explique Marie-Paule Dessaint, docteure en sciences de l’éducation. (Getty Images/JohnnyGreig)

Pour bien des gens, prendre sa retraite, c’est prendre un nouveau départ dans la vie active. Daniel Bastien, CPA, fondateur de KIGI, une agence de placement à but non lucratif pour personnes préretraitées et retraitées, l’a constaté : « De nombreux CPA retraités cherchent à rester actifs et impliqués dans la société. Ils veulent mettre à profit leurs compétences et partager leurs connaissances. L’argent est rarement ce qui les motive le plus à retravailler. »

Si vous envisagez de travailler après avoir pris votre retraite, voici ce que vous devez savoir.

CPA UN JOUR, CPA TOUJOURS?

En fonction du type de travail qu’ils ont l’intention de faire une fois à la retraite, les CPA doivent s’assurer de respecter certaines règles, rappelle Louise Godin, agente en conformité et aux admissions à CPA Nouveau-Brunswick. 

« Un retraité peut continuer d’exercer certaines activités professionnelles liées au titre de CPA s’il reste membre de son organisation professionnelle et remplit certaines obligations de perfectionnement professionnel continu. »

« Avec le statut de membre en règle viennent des obligations, comme le respect d’un code de déontologie et d’une réglementation qui protègent le membre et le public, insiste-t-elle. Même si de nombreux CPA ne font pas ou plus de comptabilité, le titre demeure un gage d’intégrité et de professionnalisme. »

Et elle poursuit : « Un CPA sera considéré comme retraité du milieu professionnel s’il ne travaille plus du tout, pas seulement s’il prend sa retraite de son employeur. Donc, un membre en fin de carrière qui désire moins travailler et se dirige vers les services de conseil en gestion, en finance ou en stratégie et gouvernance, par exemple, devra continuer à respecter les obligations d’un membre en règle pour conserver son titre. Même chose pour ceux qui veulent siéger à un conseil d’administration. »

Cependant, ce statut de « semi-retraité » vient avec une ristourne. En effet, les organisations provinciales offrent souvent une réduction des frais de cotisation (allant jusqu’à 50 %, voire 75 %) aux CPA en fin de carrière dont les revenus ne dépassent pas certains seuils (par exemple, 20 000 $ au Nouveau-Brunswick, 25 000 $ au Québec et 30 000 $ en Alberta).

APPRENDRE À SE CONNAÎTRE

Des retraités, Marie-Paule Dessaint, docteure en sciences de l’éducation et auteure de plusieurs livres, dont Cap sur la retraite, en côtoie en permanence dans les ateliers qu’elle donne. Selon cette spécialiste du sujet, le début de la retraite doit coïncider avec une période de réflexion. « Un retraité ne peut pas se contenter d’une vie de loisirs pendant 30 ans. Il a besoin de se réaliser, de s’accomplir, mais pour ça, il doit apprendre à se connaître. Qui est-il derrière le masque qu’il porte? »

« Certaines personnes qui avaient beaucoup de responsabilités sont malheureuses de ne plus être en position d’autorité, a constaté Marie-Paule Dessaint. D’autres qui étaient au contraire très encadrées dans leur travail ne réalisent pas toujours qu’elles ont le choix dorénavant. C’est donc le temps de se pencher sur nos valeurs, sur ce qu’on veut et sur la carrière qu’on a menée, en distinguant la personne qu’on est du travail qu’on a effectué, avec ce qu’on n’y aimait pas. »

SE MONTRER OUVERT 

De cette réflexion naîtra un éventail de solutions d’autant plus vaste que les anciens comptables sont ouverts. 

« La variété plaît beaucoup aux retraités, notamment les CPA, explique Daniel Bastien. Certains veulent travailler à temps partiel, d’autres cherchent un mandat en entreprise, par exemple, après avoir travaillé toute leur vie en cabinet, d’autres, enfin, ont envie de changer de secteur d’activité. » Dans tous les cas, les postes en comptabilité sont loin d’être les seuls à les intéresser, a-t-il observé. « Superviseur d’un terrain de golf le temps d’un week-end? Placier pour un événement? Et pourquoi pas? »

Louise Godin le constate aussi. « Certains CPA prennent leur retraite puis reviennent, ou changent de domaine, surtout que, depuis le début de la pandémie, les CPA sont très demandés, et les offres d’emploi se sont multipliées. On leur a fait une offre intéressante, qui ne se serait pas présentée en temps ordinaire, et ils ont décidé de retourner au travail. » 

« Selon ce qu’on cherche, on ne perd rien à essayer », confirme Marie-Paule Dessaint.

AFFRONTER LES PRÉJUGÉS

Hélas! les préjugés liés à l’âge persistent, d’après Marie-Paule Dessaint.

« Le marché n’est pas adapté aux gens à la retraite, confirme Daniel Bastien. Trop d’organisations affichent encore des postes à temps plein. » À preuve, la recherche du mot « CPA » sur le portail d’emplois Indeed donne plus de 4 500 résultats au Canada, mais seulement 8 % des postes sont temporaires, contractuels ou à temps partiel. « Ces employeurs devraient plutôt se demander si ce temps plein ne peut pas être occupé par deux personnes à temps partiel, ce qui leur donnerait plus de souplesse et apporterait deux fois plus d’expérience à l’organisation. »

« Les retraités sont compétents, consciencieux et persévérants, mais ils ont aussi des doutes. Certains se demandent s’ils seront capables d’effectuer le travail, et les employeurs se posent la même question. Pourtant, les organisations ne devraient pas se priver de ce bassin de travailleurs qualifiés, motivés et disponibles dans un contexte de rareté de la main-d’œuvre », insiste Daniel Bastien.

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