« Il est essentiel de promouvoir la diversité »
De gauche: Kamille Español, Janice Fukakusa et Jenny Okonkwo (Images fournies)
À l’occasion de la Journée internationale des femmes, le 8 mars, nous avons interviewé trois CPA qui en sont à différentes étapes de leur carrière pour connaître leurs réalisations, leurs difficultés et leurs perspectives d’avenir.
Comptant plus de 30 ans d’expérience, Janice Fukakusa, FCPA, a reçu récemment l’Ordre du Canada. Chancelière de l’Université Ryerson, elle était auparavant chef de l’administration et chef des finances chez RBC Groupe financier.
Jenny Okonkwo, présidente de Transform Consulting et fondatrice du Black Female Accountants Network (BFAN), a obtenu son titre de CPA en 2014 en vertu d’un accord de reconnaissance mutuelle, après avoir immigré au Canada en tant que comptable formée à l’étranger.
Kamille Español, récipiendaire de la Médaille d’or du Gouverneur général pour le meilleur résultat à l’EFC de mai 2021, est comptable en information financière chez Ovintiv, à Calgary.
CPA CANADA : QUELLES DIFFICULTÉS AVEZ-VOUS RENCONTRÉES EN DÉBUT DE CARRIÈRE?
Janice Fukakusa (JF) : Les mêmes difficultés que celles de nombreuses femmes de la profession : concilier la charge de travail et le temps consacré aux examens. Je terminais mon MBA et mes crédits CPA, tout en travaillant en audit.
Jenny Okonkwo (JO) : L’absence de modèles féminins aux échelons supérieurs de la profession. Même si les effectifs étaient mixtes lorsque j’ai commencé, il y avait très peu de femmes aux postes de chef et de directeur des finances.
Kamille Español (KE) : Ma plus grande difficulté? L’impression que je n’avais pas de voix au travail. Pas parce que mes collègues ou les dirigeants ne m’écoutaient pas, mais parce que je manquais de confiance pour faire part de mes idées à des personnes d’un échelon supérieur au mien.
CPA CANADA : QUELLES DIFFICULTÉS AVEZ-VOUS ÉPROUVÉES PERSONNELLEMENT DANS LA PROFESSION DE CPA?
JF : Bien des choses, dont le travail saisonnier et le fait de ne pas pouvoir planifier mes journées à cause des longues heures de travail. Mon horaire était si chargé que, quand j’ai fondé une famille, j’ai opté pour le secteur bancaire.
JO : Il est parfois très difficile, pour des professionnels immigrés, de poursuivre leur carrière au même niveau. Je me réjouis que le BFAN ait réussi à aider certaines de ses membres à cet égard. Les difficultés des comptables issus de groupes marginalisés ou sous-représentés ne se limitent pas à l’écart entre les sexes.
KE : Je suis nouvelle dans la profession, mais je me rappelle que même si les classes étaient mixtes, les étudiants masculins étaient beaucoup plus portés à s’exprimer lors des discussions.
CPA CANADA : QUELS ONT ÉTÉ VOS SUCCÈS LES PLUS MARQUANTS EN CARRIÈRE?
JF : Réussir les examens CPA et devenir la première femme et la première personne issue de la diversité à être nommée chef des finances chez RBC. Un autre grand honneur : recevoir l’Ordre du Canada. Ça a été une réelle surprise.
JO : On m’invite de plus en plus à parler en public, j’ai contribué à l’ouvrage 21 Resilient Women et j’ai lancé l’an dernier le programme BIPOC Women CPA Summit, conçu pour aider les femmes CPA autochtones, noires et de couleur à accroître leurs chances d’avancement professionnel au travail.
KE : La Médaille d’or du Gouverneur général représente mon succès le plus marquant. Au travail, c’est le fait de contribuer au succès de l’entreprise dans les fonctions d’information financière et d’audit interne.
CPA CANADA : EN COURS DE CARRIÈRE, QUELS CHANGEMENTS POSITIFS AVEZ-VOUS CONSTATÉS CHEZ LES FEMMES DE LA PROFESSION?
JF : Je suis heureuse de constater une plus grande parité hommes-femmes et un meilleur soutien aux femmes de la profession. Les femmes issues de la diversité sont aussi beaucoup mieux représentées. Il est essentiel de promouvoir la diversité.
JO : Les forums de réseautage, assurément. Une foule d’autres activités répondent maintenant aux besoins des femmes de la profession qui sont issues de la diversité.
KE : Je vois des femmes de mon entreprise assumer les fonctions de leur choix et être traitées en égales, et je suis heureuse de savoir que le sexe n’a pas d’incidence sur ma valeur.
CPA CANADA : QUELS CHANGEMENTS SOUHAITEZ-VOUS POUR LES FEMMES DE LA PROFESSION?
JF : On devrait mettre davantage en valeur des modèles féminins dans la profession. Il faudrait encore accroître la représentation globale des femmes et de la diversité. Outre les femmes qui travaillent en cabinet comptable, je crois qu’on devrait souligner aussi l’apport de celles qui œuvrent dans les entreprises et les organismes sans but lucratif.
JO : Un accès beaucoup plus vaste au mentorat et au parrainage.
KE : J’espère voir plus de femmes exprimer leurs idées, assumer des rôles de leadership et avoir une influence positive en milieu de travail.
CPA CANADA : QUELLES SONT VOS PERSPECTIVES D’AVENIR?
JF : À la fin de mon mandat de chancelière, dans deux ans, je travaillerai très activement avec des fondations et des conseils d’administration dont les intérêts correspondent aux miens. Je continuerai aussi de mentorer des femmes.
JO : Je veux continuer d’aider les entreprises à promouvoir la diversité, l’équité et l’inclusion en milieu de travail.
KE : J’aspire à devenir la plus jeune vice-présidente de notre entreprise. Depuis mon arrivée à Ovintiv*, j’exerce un leadership non traditionnel : je suis fondatrice et capitaine de l’équipe sportive des jeunes leaders, ainsi que responsable du programme de stages CPA avec cheminement préapprouvé. Je me souhaite ainsi de nouvelles responsabilités et de nouveaux défis professionnels, afin d’enrichir mon bagage de CPA.
LE LEADERSHIP DE L’AVENIR
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