La chaîne de blocs, un élément clé du Web3
L’été dernier, alors que l’inflation grimpait de 124,4 % par rapport au mois d’août précédent, les investisseurs argentins se tournaient vers un nouveau type de cryptomonnaie lié au dollar américain.
Nombre d’investisseurs considèrent encore le bitcoin et les autres monnaies numériques comme des produits marginaux en raison de leurs fluctuations incontrôlées. Toutefois, selon Jonathan Mirarchi, CPA, premier conseiller, Intégration du numérique en fiscalité, chez PwC Canada et cofondateur de Web3Montréal, les monnaies émergentes, comme USD Coin, représentent un grand pas vers l’entrée de la cryptomonnaie – et de tout l’écosystème du Web3 – dans le courant dominant.
« Compte tenu de la crise inflationniste et du manque de liquidités, la quantité de monnaie américaine que chaque personne peut acquérir est limitée. Mais grâce à la cryptomonnaie, les Argentins sont en mesure d’acheter des dollars américains sur le marché mondial sans avoir à passer par le système bancaire. »
Ainsi les Argentins comptent-ils désormais au nombre de ceux qui possèdent le plus de cryptomonnaies au monde. « C’est un signe de ce qui se prépare dans le secteur financier canadien, bien que le Canada ne subisse pas le même niveau d’inflation que l’Argentine. »
« Nous commençons à voir de grandes institutions consacrer beaucoup de temps et d’efforts à ces nouveaux produits, comme PayPal USD, lancé en août dernier. C’est logique, pour une société comme PayPal, de se lancer dans l’arène, car elle traite quotidiennement quantité de paiements internationaux. À mesure que ces nouveaux types de paiements se généraliseront, les délais de règlement deviendront presque instantanés, les frais de transaction interbancaire seront quasi nuls, et le règlement en dollars se fera à l’échelle mondiale avec une efficacité sans précédent. »
Pour Jonathan Mirarchi, les cryptomonnaies stables ne représentent que l’une des avancées du Web3, technologie sur le point de bouleverser le monde de la finance et de l’investissement ainsi que la comptabilité traditionnelle.
« Nous vivons à l’ère du Web2, qui nous permet de lire et d’écrire dans Internet. Le Web1, c’était Internet dans les années 1980-1990, qui nous permettait seulement de lire. Puis, dans les années 2000-2010, nous avons découvert le Web2, qui a rendu les interactions possibles. Pensons aux médias sociaux, au commerce électronique, qui, certes, n’ont pas réinventé les systèmes sous-jacents, mais la façon dont nous pouvons y accéder. Les services bancaires en ligne ne métamorphosent pas la manière dont les dollars arrivent dans nos comptes; ils nous fournissent simplement une plateforme pour consulter notre solde ou effectuer des transactions électroniques. »
« Le Web3, en revanche, nous permet d’interagir avec les actifs comme jamais auparavant. C’est une véritable révolution. On commence à appliquer la segmentation en unités à d’autres types d’actifs – immobilier, obligations, valeurs mobilières –, ce qui amène les institutions financières et les banques à concevoir de nouveaux produits. »
Certes, nous sommes encore loin de l’adoption de masse. Pourtant, selon Jonathan Mirarchi, le changement arrivera « lentement, puis d’un seul coup ».
Pour les CPA, l’expert prévoit une courbe d’apprentissage abrupte, même si la nature du Web3 devrait résoudre des problèmes considérables hérités du passé.
« La technologie qui permet les opérations réalisées dans une chaîne de blocs s’apparente à un grand livre public. Chaque opération laisse une trace auditable. N’importe qui peut vérifier et confirmer un transfert de fonds à une date précise, à un destinataire précis. Grâce à un protocole nommé ‘‘preuve à divulgation nulle de connaissance’’, nous pourrons même effectuer des transactions privées et démontrer la véracité de certaines conditions sans même révéler des informations sensibles. »
Bien sûr, l’absence de réglementation donne au Web3 une allure de Far West. Mais Jonathan Mirarchi prévoit que le bouillonnement d’innovations fera évoluer la situation rapidement.
« Pensons aux premières voitures : lorsqu’elles ont gagné en popularité, il nous a fallu des infrastructures, des limites de vitesse, un code de la route. Pour les comptables qui s’y préparent, la chance à saisir est grande. La question n’est pas de savoir si cela se produira, mais quand. »
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Les cryptomonnaies stables ne sont qu’une des avancées du Web3, qui va bouleverser le monde de la finance, de l’investissement et de la comptabilité. (iStock)