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Susanne Robertson exposée au Musée canadien des droits de la personne à Winnipeg
La profession

La muse du Musée canadien pour les droits de la personne : une CPA inspirée et inspirante

Susanne Robertson, FCPA, chef des finances du Musée canadien pour les droits de la personne, prend bientôt sa retraite, fière de ses accomplissements.

Susanne Robertson se tient debout dans le Musée canadien pour les droits de la Susanne Robertson a été la première employée du Musée canadien pour les droits de la personne. (Photo Matthew Sawatzky)

Majestueux, il surplombe les méandres de la rivière Rouge à Winnipeg. Le Musée canadien pour les droits de la personne frappe par son audacieuse structure qui allie verre, pierre et acier pour offrir 24 000 m2 (ou 260 000 pi2!) d’espace d’exposition. L’imposant bâtiment cumule les premières : premier musée du monde exclusivement consacré à la mise en valeur des droits de la personne, premier nouveau musée national en 40 ans d’histoire, premier musée national situé ailleurs qu’à Ottawa-Gatineau.

La toute première directrice des finances du Musée, Susanne Robertson, prendra bientôt sa retraite. En 2008, lorsqu’elle a été nommée, elle en était la seule et unique employée. Sa contribution au déploiement de l’institution, de la planche à dessin à l’inauguration, a été déterminante. Une des premières responsabilités dont elle a dû s’acquitter? Faire débloquer les crédits nécessaires pour financer la construction. Ses efforts à ce titre, conjugués à ses mandats d’administratrice bénévole pour des OSBL, lui ont valu la reconnaissance de ses pairs. En 2016, CPA Canada lui décernait le prix Leadership financier dans le cadre des Prix d’excellence en gestion financière dans le secteur public. Autre distinction, en 2019, CPA Manitoba l’a nommée Fellow CPA (FCPA).

« Quel plaisir d’avoir reçu cet honneur dans un lieu qui a tant d’importance pour moi, le Musée, en présence de ma famille et de collègues! » Après quinze années consacrées au Musée et à sa fondation, Susanne Robertson, qui a su garder les pieds sur terre, se prépare à passer le flambeau. Au fil de son mandat, elle a voulu orienter le cours des choses, et ses projets se sont concrétisés grâce à une équipe dynamique et passionnée.

PIVOT : Vous avez été à la direction d’un groupe immobilier en démarrage et d’une imprimerie avant de prendre en main les finances du Musée. Pourquoi ce choix?
SUSANNE ROBERTSON (SR) : En début de carrière, j’ai été administratrice bénévole dans différents OSBL. Comme premiers pas, j’ai siégé au conseil d’administration de la garderie de mes enfants et, de fil en aiguille, j’ai exercé diverses fonctions au conseil régional et au conseil national de la Société de l’arthrite. Je siège aussi au conseil de Cancer de l’ovaire Canada. J’ai ainsi appris combien travailler pour une cause me tenait à cœur. Cette motivation, couplée à mon bagage de CPA, à mon expérience en OSBL et à mon travail dans un groupe en démarrage, allait guider toute ma carrière.

PIVOT : Première employée, premier musée national créé au Canada en 40 ans, un défi de taille, donc?
(SR) : Nous sommes partis de zéro. Architecture, collections, méthodes et politiques, équipe, il a fallu tout bâtir, surtout en l’absence d’un modèle récent à suivre. Six ans plus tard, en 2014, nous avons inauguré un magnifique immeuble où travaillaient près de 200 employés, appuyés par des centaines de bénévoles. Aux finances, j’ai touché à tout, parce que rien n’est étranger à la finance. Je me souviens d’avoir été mise devant des dilemmes, et mon bagage de CPA a joué : capacité d’analyse, prise de décision, résolution de problèmes, évaluation des risques, tout m’a servi.

PIVOT : Pourriez-vous évoquer un de ces dilemmes?
(SR) : À sa première réunion de l’automne 2008, le conseil avait établi un budget de 265 M$. Or, une forte majoration des coûts de construction a nécessité une injection de fonds conséquente. De concert avec l’entrepreneur, les architectes et les ingénieurs, nous avons proposé au conseil divers scénarios de resserrement budgétaire qui n’auraient pas pour effet de sacrifier la vision originelle d’un bâtiment emblématique. L’incertitude régnait. Le conseil allait-il faire le choix d’un édifice plus modeste? Pour un établissement érigé au centre du pays et porteur d’une thématique essentielle, j’étais convaincue que nous devions demeurer fidèles aux plans d’origine.

PIVOT : En quoi le Musée est-il un précurseur?
(SR) : C’est le premier musée du monde consacré exclusivement aux droits de la personne, pour faire état de leur évolution, en faciliter la compréhension, en souligner la primauté. Nous tenions à traiter le sujet sous un angle universel et à mettre en valeur l’apport particulier du Canada. Plus d’une fois, nous avons consulté des tiers indépendants pour adopter de justes perspectives et explorer diverses facettes de la problématique, déclinée sur tous les continents. Nous sommes également le premier musée national ancré ailleurs qu’à Ottawa-Gatineau. Et nous empruntons le plus souvent les objets exposés, contrairement aux autres institutions, qui, par définition, constituent des collections.

PIVOT : Parmi les pièces exposées, vos coups de cœur?
(SR) : L’une des expositions phares, dans la galerie Les parcours canadiens, comprend 18 alcôves sur des thèmes clés, comme les droits des personnes handicapées, le mariage pour tous et les pensionnats autochtones. On pourrait y passer des jours. Au milieu de la salle, on trouve le jeu interactif Lumières d’inclusion. Dès que quelqu’un franchit le périmètre du disque au sol, un cercle se dessine autour de lui, et quand d’autres le rejoignent, le cercle devient plus brillant et des traits de lumière surgissent. L’union fait la force.

PIVOT : La guerre en Ukraine sera-t-elle représentée au Musée?
(SR) : Nous sommes en rapport avec la communauté ukrainienne pour voir comment aborder les terribles événements qui déchirent le pays. Ce sont les derniers affronts d’une longue série de violations des droits de la personne en Ukraine. Je pense notamment à l’Holodomor, tragique extermination par la faim orchestrée par Staline de 1932 à 1933, évoquée dans l’une de nos galeries, où passe le documentaire L’Holodomor exposé : Souvenirs éternels. À l’instar d’autres institutions dans le monde, nous avons aussi éclairé le Musée aux couleurs du drapeau ukrainien.

PIVOT : Vous prendrez bientôt votre retraite. Parlez-nous de ce virage, de vos projets.
(SR) : La décision a été difficile à prendre, même si j’aurai 67 ans en novembre. J’ai eu le privilège de participer au déploiement d’un projet d’envergure, qui a mis en lumière les droits de la personne, et qui a eu des retombées notables à Winnipeg. Mais le Musée vole de ses propres ailes, et c’est le moment de passer la main. Et puis, j’aimerais bien penser un peu à moi, me consacrer à mes petits-enfants, voyager. Ce qui ne m’empêchera pas d’offrir mes services d’administratrice à d’autres conseils d’administration, muséaux ou non. Peut-on rêver d’une plus belle continuité? Le Musée, c’est un peu mon bébé, adopté après avoir élevé mes enfants, et j’y tiens beaucoup. Mais je suis prête à confier sa destinée à d’autres passionnés qui apporteront des idées nouvelles.

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