Les mains de diverses personnes tiennent quatre pièces de casse-tête blanches afin de les assembler.

La diversité sera essentielle pour assurer l’avenir du secteur financier, font valoir certaines femmes influentes

Les femmes qui évoluent dans un milieu masculin le savent, les différences peuvent rassembler.

« Il n’a pas été facile de gravir les échelons », témoigne Joy Thomas, chef de la direction de CPA Canada, récemment nommée au palmarès des 100 femmes les plus influentes au Canada par le Réseau des femmes exécutives (Women’s Executive Network – WXN). S’imposer dans un milieu masculin l’a toutefois amenée à ouvrir la voie à celles – et à ceux – qui n’entrent pas dans le moule.

« Certaines affirment que si elles ont réussi à déjouer les obstacles, les autres peuvent y arriver aussi. Je ne vois pas forcément les choses de cette façon, dit Mme Thomas. J’ai commencé dans les années 1980, époque à laquelle il était plutôt difficile pour les femmes de se frayer un chemin. J’ai choisi, autant que possible, de préparer le terrain pour tous ceux et celles qui suivraient la même voie. »

Ce défi a façonné le style de leadership de Mme Thomas, qu’elle décrit comme authentique et axé sur les résultats à long terme. « Les employés comptent pour moi. Je souhaite que tous puissent s’épanouir, prendre des risques et progresser, sans craindre d’essuyer des échecs. »

Photo de groupe du Palmarès des 100 femmes les plus influentes au Canada du Réseau des femmes exécutives.
Palmarès des 100 femmes les plus influentes au Canada du Réseau des femmes exécutives (WXN).

Le palmarès des 100 femmes les plus influentes au Canada souligne les réalisations de celles qui font la promotion de la diversité au travail et qui servent de modèle aux leaders en devenir. En plus de Mme Thomas, huit autres CPA ont été récompensées au gala de remise des prix, en novembre.

Les femmes qui évoluent dans un milieu masculin mesurent plus que quiconque la valeur de la diversité au sens large, fait remarquer Darlene Dasent, directrice financière du Réseau universitaire de santé de Toronto, une autre CPA nommée au palmarès.

L’empathie, l’atout du leader

« J’ai eu le privilège de pouvoir être moi-même, raconte Mme Dasent. Les mères – et les femmes qui prennent en charge un parent âgé – ont appris à concilier travail et famille. Ce point de vue m’aide à faire preuve d’empathie, pour mieux diriger. »

Il ne suffit pas de vouloir embaucher et promouvoir plus de femmes. Les leaders qui prônent la diversité se donnent les moyens de renforcer l’organisation, par l’apport de perspectives différentes, explique Mme Dasent.

« En tant que femme, j’ai conscience que chacun amène son savoir-faire et son bagage, dit-elle. Pour moi, la diversité déborde le cadre du sexe ou de l’origine ethnique. Ce qui compte, c’est d’avoir une pluralité d’idées et de points de vue. »

Pour créer cette mosaïque, Mme Dasent s’emploie à embaucher des candidats aux profils divers, qui apportent des points de vue nouveaux et uniques.

« Dans notre fonction finance, les employés n’ont pas tous un parcours classique; leurs antécédents sont variés. Il faut savoir poser des questions réfléchies, savoir écouter aussi, et examiner les forces avec objectivité. »

Les habiletés techniques, essentielles pour les femmes

Le parti pris voulant que les femmes leaders possèdent avant tout un riche bagage de compétences générales pourrait manquer de nuance. Pour Sophia Tsui, première vice-présidente et vérificatrice en chef à la Banque HSBC Canada, les qualités relationnelles ne sont pas le propre des femmes.

« Je doute qu’il y ait des habiletés foncièrement masculines ou féminines », avance Mme Tsui, une autre CPA nommée au palmarès des 100 Canadiennes les plus influentes. « Cela dit, j’ai travaillé pour des hommes presque toute ma carrière. Et, effectivement, je dirais que les hommes et les femmes sont différents. Je privilégie le tact, le doigté. Je m’inspire des qualités des autres, surtout de celles qui correspondent à ma nature. »

Si les compétences générales – négociation, éloquence, écoute active et collaboration – l’ont bien servie pour diriger, ses habiletés techniques comme CPA lui ont été tout aussi utiles. « L’idéal, ajoute-t-elle, c’est d’obtenir le titre dès la fin de ses études, pour se familiariser avec l’analyse, la prise en charge des risques et la gestion. Autant d’avantages à long terme. »

Inspirer les jeunes femmes

Mme Tsui encourage sa fille adolescente à voir la comptabilité comme une pierre d’assise. « C’est un excellent tremplin. Elle est en 5e secondaire et a décidé de faire carrière en affaires. Comme elle a de bons résultats en mathématiques, je lui dis que la comptabilité pourrait lui réussir. »

Mme Dasent en est convaincue, devenir CPA, c’est mettre tous les atouts dans son jeu.

« Être CPA m’a énormément apporté », souligne-t-elle, en évoquant le solide bagage qu’elle a accumulé quand elle faisait ses débuts en audit chez Ernst & Young et PricewaterhouseCoopers. « Dès mes premières années dans le monde de l’audit, j’ai pu voir l’envers du décor et examiner les rouages de diverses entreprises clientes. J’en ai retiré des atouts utiles. »

« L’obtention de mon titre a été de loin l’étape la plus importante du début de ma carrière, raconte Mme Thomas. J’ai acquis des compétences techniques et appris à appliquer des approches méthodiques et structurées, dès le départ, quelle que soit la tâche à réaliser. Mais surtout, j’ai découvert un cadre éthique qui m’aide à prendre des décisions avisées. »

Encourager les femmes à devenir CPA n’est qu’une façon parmi d’autres de favoriser la diversité au sein de la profession, selon Mme Thomas, qui privilégie une approche inclusive pour faciliter l’adaptation du secteur financier à un monde en mutation.

« Prévoir les changements et se préparer à l’avenir est crucial, dit-elle. Divers aléas continueront à perturber les modèles et à transformer l’avenir du travail, mais ces virages offriront aussi de nouveaux débouchés aux CPA. »