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Le virage numérique de l’économie et de la société canadiennes

Les organisations se doivent de planifier leur transition vers la nouvelle réalité de l’économie numérique. Découvrez comment les CPA peuvent jouer un rôle de premier plan dans cette transition.

La série « Maîtrise des données » traite du virage numérique amorcé par l’économie canadienne, de son importance, des problèmes de gouvernance qui en découlent et des solutions possibles. Elle s’intéresse aussi au rôle que peuvent jouer les CPA pour guider leur organisation au fil de cette transition. Le présent article fait partie de cette série.

LISEZ CET ARTICLE POUR EN SAVOIR PLUS SUR :

  • ce qu’est le virage numérique
  • pourquoi le virage numérique est important
  • le virage numérique de l’économie canadienne
  • la valeur des données
  • les difficultés liées aux données
  • le rôle des CPA quant au virage numérique

Qu’est-ce que le virage numérique?

Le virage numérique est une initiative continue à l’échelle de l’entreprise qui consiste à recourir à l’intelligence artificielle (IA) et aux autres technologies numériques pour réaliser les objectifs suivants :

  • prédiction – prévoir les événements et les tendances grâce à l’analyse des données et réagir en temps réel
  • automatisation – automatiser les processus et les actions lorsque possible
  • optimisation – générer de nouvelles idées pour résoudre des problèmes existants

L’atteinte de ces trois objectifs améliore l’efficience et l’efficacité des processus en place, peut mener à la création de nouveaux produits ou services numériques, et procure une valeur ajoutée à votre organisation.

Pourquoi le virage numérique est-il important?

Que vous travailliez dans le secteur primaire, secondaire ou tertiaire ou dans le secteur public, votre organisation cherche sans doute à passer au numérique pour certains aspects de ses activités. Elle vise peut-être, pour ne donner que quelques exemples, à avoir accès aux données sur ses ventes sur Internet pour mieux comprendre les préférences de ses clients, à simplifier ses procédés de fabrication ou à transformer un produit physique existant en service en ligne par abonnement.

Parmi les avantages que l’on peut attribuer au virage numérique à grande échelle de l’économie canadienne, il y a l’explosion de la quantité de données possiblement utiles. Si votre organisation réussit à tirer parti du virage numérique et à exploiter ces données tout en gérant les risques, elle bénéficiera vraisemblablement d’un avantage concurrentiel crucial.

En revanche, si votre organisation tarde à prendre le virage numérique et à profiter de ses avantages, elle risque d’être laissée derrière. Le rapport sur le secteur de la fabrication de pointe des Tables de stratégies économiques du Canada le dit sans ménagement : « Les fabricants canadiens adopteront la technologie ou mourront. »

Le virage numérique de l’économie canadienne

Feuilletez n’importe quelle revue d’affaires ou de technologies de l’information, et vous trouverez de nombreux exemples de sociétés ayant passé au numérique. Résultats : gains d’efficience, capacités prédictives améliorées, adaptation en temps réel et création de nouveaux produits ou services numériques.

L’IA à elle seule permet des progrès considérables et crée une valeur ajoutée dans divers domaines. Par exemple :

  • reconnaissance vocale, traduction vocale, reconnaissance d’images, véhicules autonomes, prévention du crime et du cybercrime, et assistants numériques
  • prévision des demandes de la clientèle, de la performance financière ou de l’apparition d’une maladie chronique chez des patients
  • classement de grandes quantités de données (bases de données, documents, images, mouvements, sons, etc.)

Des entreprises autrefois petites ont bouleversé leur secteur en recourant au numérique pour surmonter la faiblesse de leurs économies d’échelle et de leurs réseaux :

  • Amazon, Alibaba et Kijiji sont des détaillants majeurs sans magasins traditionnels
  • Uber est la plus grande entreprise de taxi au monde malgré le fait qu’elle ne possède aucun taxi
  • Airbnb a révolutionné le tourisme d’accueil sans être propriétaire d’établissements d’hébergement

Le passage au numérique a également permis à des organisations déjà bien établies d’accroître leur efficience, leur efficacité et leur compétitivité :

  • John Deere collecte des données au moyen de capteurs qu’elle installe sur ses tracteurs. Ces données sont analysées et commercialisées auprès des agriculteurs en tant qu’outil pour améliorer leurs activités et leur marge bénéficiaire.
  • Humana, l’une des plus grandes sociétés d’assurance maladie aux États-Unis, a amélioré son expérience client grâce à un agent conversationnel. Celui-ci s’appuie sur l’IA pour comprendre les besoins des clients, vérifier leur identité et déterminer la meilleure façon de fournir les renseignements demandés.

Si votre organisation fait partie du secteur manufacturier, le potentiel des technologies est immense. Grâce à la robotique, aux jumeaux numériques (une représentation virtuelle d’un être vivant ou d’un objet), à la fabrication additive (c’est-à-dire l’impression 3D), l’analyse des mégadonnées (des techniques d’analyse avancées pour des ensembles de données très volumineux et diversifiés), les fabricants canadiens peuvent favoriser l’innovation et accroître l’efficience de leurs activités. Le virage numérique aura des effets sur la recherche, la conception, la fabrication, la distribution et la consommation des produits, l’intégration des chaînes d’approvisionnement et le mode d’exploitation des usines.

La prestation des services publics est aussi mûre pour un virage numérique. Le partage des données et les initiatives de collaboration entre ministères et organismes deviendront essentiels au maintien de l’efficience des programmes gouvernementaux et à l’obtention de meilleurs résultats. On peut s’attendre à la création de nouveaux partenariats visant à partager des données et à générer des informations dans des secteurs aussi variés que la santé publique, les villes intelligentes, les transports, la distribution d’électricité et la sécurité publique.

Dans ce contexte, la confiance envers les gouvernements et les entreprises sera indispensable : les consommateurs devront être convaincus que leurs données ne seront pas utilisées à des fins autres que celles pour lesquelles elles ont été communiquées. Autrement dit, la confiance sous-tendra toutes les transactions et sera essentielle à une économie florissante.

La valeur des données

Le virage numérique et la production de données vont de pair. Lorsqu’elles sont utilisées adéquatement, les données ont une valeur immense. Certains pensent que les données pourraient remplacer le pétrole comme marchandise la plus lucrative à l’échelle mondiale.

Toutefois, contrairement au pétrole, les données ne sont pas une ressource limitée. Toutes les organisations, de la plus petite entreprise à la plus grande multinationale, produisent et collectent des données dans le cadre de leurs activités courantes.

Les principales sources de données comprennent :

  • les sources de données traditionnelles comme les bases de données financières (par exemple sur les ventes et les dépenses) et opérationnelles (par exemple sur la logistique et les achats) et les divers rapports produits dans l’organisation
  • les nouvelles sources de données comme les clics des clients sur le site Web, les objets numériques, les visites sur les comptes de médias sociaux, les données recueillies par les appareils et les capteurs faisant partie de l’Internet des objets, le repérage GPS des salariés, des véhicules et des colis, etc.

Les difficultés liées aux données

En raison de la quantité croissante de données disponibles, les dirigeants de la plupart des organisations s’entendent généralement pour dire qu’ils deviennent riches en données, mais restent pauvres en informations. Plusieurs facteurs expliquent cette réalité :

  • Le développement rapide de l’IA a entraîné des problèmes comme les biais algorithmiques et suscite des préoccupations d’ordre éthique quant aux décisions prises par des machines.
  • L’utilisation secondaire des données (c’est-à-dire la réutilisation à d’autres fins de données produites pour une raison précise) et le partage de données entre organisations ont créé de nouveaux problèmes liés à la confiance à l’égard des ensembles de données, de la qualité des données et de la transparence de la collecte de données.
  • Pour choisir les bons ensembles de données et poser les bonnes hypothèses, les spécialistes de l’IA doivent avoir accès à des informations supplémentaires (métadonnées), par exemple de catégorisation et de marquage, qui ne sont pas toujours disponibles.
  • L’émergence d’entreprises axées sur la collecte, le regroupement et la monétisation des données a soulevé de nouveaux problèmes liés à la propriété, au marquage et au repérage de données.
  • Puisque le coût du stockage de données est en baisse, il est désormais possible de localiser et d’utiliser de vastes quantités de données stockées dans des lacs de données (des ensembles de données non structurées) grâce à des applications d’infonuagique.
  • Finalement, la multiplication rapide des appareils faisant partie de l’Internet des objets (on en compte déjà plusieurs milliards) entraîne la production de montagnes de données que les organisations peuvent utiliser pour prendre le virage numérique et améliorer leur efficience.

De toute évidence, il faudra régler certaines questions comme l’élaboration de définitions et de termes normalisés, ainsi que l’interopérabilité (la capacité des interfaces de produits ou systèmes à communiquer entre elles) permettant la transmission de données entre différentes plateformes. Des normes communes devront être établies et adoptées par un grand nombre d’organisations de divers secteurs pour que la numérisation se concrétise. Chaque organisation devra comprendre la chaîne de valeur des données (le processus de transformation des données brutes en quelque chose qui a une valeur) et définir des stratégies numériques et des politiques de gouvernance rigoureuses.

Le rôle des CPA quant au virage numérique

Face à l’incertitude actuelle, il est logique que les dirigeants planifient soigneusement leur transition vers la numérisation de leurs processus. La conformité à la réglementation sur la protection des renseignements personnels et l’adhésion aux normes éthiques reconnues ajoutent à la complexité qui caractérise tout projet portant sur les données. Les projets et les stratégies en matière de données doivent reposer sur une solide analyse de rentabilité et nécessitent le ralliement de l’organisation, ainsi que des politiques et des procédures de facilitation adéquates, des mesures de gestion des risques et des activités de surveillance. Les CPA sont bien positionnés pour jouer un rôle de premier plan dans l’élaboration et la gestion des cadres nécessaires à la gouvernance des données. Grâce à leurs connaissances, ils peuvent contribuer aux éléments suivants :

  • politiques de gestion des données permettant de gérer efficacement les questions de gouvernance des données
  • stratégies de gestion des données (création de nouveaux marchés, obtention de renseignements sur les branches d’activité existantes, monétisation des ensembles de données grâce à l’utilisation secondaire, etc.)
  • conformité aux lois sur la confidentialité des données
  • cadres de gestion de la qualité et de l’intégrité des données
  • cadres de gestion (accès, stockage et conservation) des données destinées à une utilisation secondaire
  • méthodes à suivre pour comprendre de grands ensembles de données complexes et pour en tirer des informations utiles
  • valeur financière des ensembles de données d’une organisation
  • risques associés à l’utilisation des données secondaires

Les organisations doivent faire appel à des spécialistes en données (ingénieurs, contrôleurs, scientifiques) pour la réalisation des activités quotidiennes liées aux données. Mais ce n’est pas tout : elles doivent aussi gérer et surveiller les données et les politiques et stratégies liées au numérique. Or, les compétences qu’il faut avoir pour établir une stratégie numérique et mettre en œuvre des solutions organisationnelles en matière de gestion des données rejoignent, à bien des égards, celles qui sont nécessaires à l’obtention du titre de CPA – notamment la capacité d’agir de façon éthique et selon des valeurs professionnelles, et des aptitudes en stratégie et en gouvernance.

Vous travaillez dans le secteur privé, le secteur public ou celui des organismes sans but lucratif? Il y a fort à parier que vous cherchez de nouvelles façons d’exploiter les données. Les entreprises du secteur privé, grandes comme petites, investissent dans des projets fondés sur le numérique et l’IA pour demeurer concurrentielles. Les organisations se sont mises à s’échanger des données et à en tirer des informations précieuses pour atteindre leurs objectifs d’intérêt public, et les gouvernements numérisent leurs registres papier pour créer des sources ouvertes de données dans le but de favoriser l’innovation dans le secteur privé et de stimuler leurs économies. Pour contribuer au virage numérique, les CPA devront mettre à profit leurs compétences fondamentales : expérience des affaires, jugement, esprit critique, capacité d’analyse et maîtrise des systèmes.

LA SÉRIE « MAÎTRISE DES DONNÉES »

De plus amples informations seront publiées sous peu concernant le rôle essentiel que peuvent jouer les CPA dans d’autres volets de la maîtrise des données, par exemple :