Conseils d’experts pour planifier son épargne-retraite en couple
Lors de vos premières discussions financières avec votre nouveau conjoint, commencez par déterminer les placements et les économies de chacun, puis élaborez votre stratégie en conséquence. (Getty Images/katleho Seisa)
Selon les experts, il est indispensable de discuter de son avenir financier avec son conjoint.
Or, d’après les résultats d’un sondage Ipsos réalisé en 2018 pour le compte de BDO Canada, 59 % des Canadiens en couple aimeraient pouvoir changer les habitudes financières de leur conjoint, et 36 % des couples discutent rarement de leurs finances personnelles.
Voilà qui illustre l’importance d’harmoniser vos objectifs financiers. Vous pourriez, par exemple, faire la liste de vos placements dans des régimes enregistrés d’épargne-retraite (REER), des comptes d’épargne libre d’impôt (CELI), des régimes de pension, puis voir comment en tirer le meilleur parti à deux.
Suivez ces conseils d’experts pour vous aider à mettre l’épargne-retraite de votre couple sur les rails.
POUR UN NOUVEAU COUPLE
Lors de vos premières discussions financières avec votre nouveau conjoint, commencez par déterminer les placements et les économies de chacun, puis élaborez votre stratégie en conséquence, propose Stan Swartz, CPA, président d’Infomoney Solutions.
M. Swartz précise toutefois qu’il vaut mieux effectuer ce type d’analyse avec un professionnel qui connaît bien vos circonstances particulières de même que tous les rouages du système financier. « Le but est d’examiner la situation et l’apport de chacun. »
Un professionnel pourrait poser les questions suivantes : Avez-vous un REER ou un CELI? Combien d’argent avez-vous investi? Quels sont vos droits de cotisation? Votre employeur vous offre-t-il un régime de retraite ou un REER collectif? Travaillez-vous à votre compte? Quel est votre revenu annuel? Avez-vous des biens immobiliers? Mettez-vous vos finances en commun dans des comptes conjoints? À combien s’élèvent vos dettes?
À FAIRE : INVESTIR JUDICIEUSEMENT
Le gouvernement fédéral propose différentes options aux conjoints mariés ou unis civilement et aux conjoints de fait pour les aider à réduire leur impôt tout en préparant leur avenir à court et à long terme.
La première option est le REER. Si une personne gagne beaucoup moins que l’autre ou ne travaille pas pendant une période donnée (par exemple un congé parental), le conjoint au revenu supérieur peut cotiser à un REER de conjoint pour réduire ses impôts. Pour sa part, le rentier conserve ses droits de cotisation et, lorsqu’il ne travaille pas, il peut effectuer des retraits et payer des impôts peu élevés.
Vous envisagez d’acheter une première habitation? Vous pourriez être admissible au Régime d’accession à la propriété (RAP), qui permet de retirer jusqu’à 35 000 $ de votre REER sans payer d’impôt. L’argent doit servir à l’achat ou à la construction d’une habitation. Vous devez rembourser les fonds retirés sur 15 ans; le montant que vous n’aurez pas remboursé sera considéré comme un revenu, et sera imposé. Les conjoints qui songent au RAP devraient cotiser tous les deux à leur REER pour que chacun puisse en retirer des fonds.
Si vous voulez fonder une famille, renseignez-vous sur le régime enregistré d’épargne-études (REEE) et voyez comment il pourrait s’insérer dans votre stratégie d’épargne. Vous pourriez notamment profiter de la Subvention canadienne pour l’épargne-études (SCEE) : moyennant une cotisation annuelle de 2 500 $ dans un REEE, le gouvernement verse à son tour 500 $.
« Pour trouver la combinaison idéale, il faut tenir compte de différents facteurs », explique Stefanie Ricchio, CPA, fondatrice de Balance the Five.
POUR UN COUPLE BIEN ÉTABLI
Si vous cohabitez depuis un certain temps, pensez à revoir vos objectifs de retraite et votre stratégie d’épargne.
Mme Ricchio estime que pour assurer votre bien-être financier, vous devez faire le point à la suite de tout événement qui risque d’influer sur vos projets d’épargne : un changement ou une perte d’emploi, une maladie dans la famille, l’achat d’un bien immobilier… Vous pourriez même avoir à changer radicalement de style de vie alors que vous êtes à l’approche de la retraite.
« Il est important de faire le point régulièrement pour rester sur la bonne voie et s’assurer d’avoir une stratégie idéale qui permet de maximiser son épargne. »
Mme Ricchio ajoute qu’il est important de savoir ce qui motive vos décisions de placement. Devriez-vous opter pour le REER de conjoint, le CELI ou les deux? Dans quels types de produits investissez-vous? Quelles sont les répercussions potentielles?
« Prenez la mesure des conséquences de vos choix, que ce soit d’investir ou de retirer votre argent. »
À FAIRE : TIRER AVANTAGE DE VOS PLACEMENTS
Conscient que la vie réserve parfois des surprises, le gouvernement propose des options adaptées aux personnes qui ont déjà accumulé une certaine épargne.
Si les conjoints ont des taux marginaux d’imposition différents, le REER de conjoint est une solution qui leur offre de la souplesse. Il est particulièrement utile au moment des retraits : une bonne stratégie est essentielle pour éviter de mauvaises surprises du fisc. Le fractionnement du revenu de pension est aussi à envisager pour ceux qui n’ont pas cotisé à un REER de conjoint.
Si vous souhaitez parfaire vos compétences, vous pouvez participer au Régime d’encouragement à l’éducation permanente, qui vous permet d’emprunter, sans payer d’impôt, jusqu’à 20 000 $ d’un REER (sous réserve d’un plafond de 10 000 $ par année) pour financer vos études. Vous devez commencer à rembourser votre emprunt dans les cinq années suivant votre premier retrait. Par la suite, vous disposez de 10 ans pour cotiser le montant intégral que vous avez retiré, faute de quoi vous perdrez ce privilège.
Vous avez investi dans un REEE dont le solde est inutilisé, en tout ou en partie? Vous pouvez transférer vos cotisations dans un REER (mais pas les subventions gouvernementales ni les gains de placement). Avant de procéder, n’oubliez pas qu’un REEE peut demeurer actif pendant 36 ans.
Si vous approchez de vos 65 ans, il est temps de penser aux retraits plutôt qu’aux cotisations. Déterminez le revenu dont vous aurez besoin en fonction du mode de vie que vous désirez et du nombre d’années de travail qu’il vous reste. Ensuite, élaborez une stratégie autour de vos sources de revenus, par exemple les retraits obligatoires de votre REER (que vous aurez généralement converti en FERR à 71 ans) et les prestations du Régime de pensions du Canada (RPC), du Régime de rentes du Québec (RRQ), de la Sécurité de la vieillesse ou d’un régime de retraite privé.
« Prenez le temps d’évaluer votre situation et de déterminer combien vous pouvez vous permettre de verser dans des comptes avec avantages fiscaux », suggère Bob Lai, expert en finances personnelles britanno-colombien et fondateur du site Web tawcan.com. « Pour que le couple puisse réduire son taux marginal [pendant la retraite], il est préférable de répartir les retraits à deux plutôt que de demander à un seul conjoint de tout retirer. »
Ainsi, les conjoints ont intérêt à harmoniser leurs objectifs et leurs stratégies. Ils doivent donc miser sur la communication ouverte à chaque étape de la vie, conclut Mme Ricchio.
« Lorsqu’un couple planifie ses finances ensemble, il doit réfléchir au type d’avenir qu’il souhaite vivre. Après tout, la planification de la retraite compte une multitude de facettes et de possibilités. »
PASSEZ À L’ACTION
Il n’est jamais trop tard pour commencer à épargner. Pour découvrir des stratégies qui vous aideront à rattraper le temps perdu, procurez-vous le livre Retraite en vue : Guide du retardataire de CPA Canada. Si vous recherchez des conseils généraux sur la planification financière, CPA Canada vous propose son ouvrage intitulé Comment bien gérer votre argent : Guide pratique pour les Canadiens (en anglais), ainsi que des ateliers de littératie financière.