Travail et pandémie : les CPA se sont adaptés et ont tiré parti de leur expérience
Pour certains CPA, il est difficile de ne plus voir leurs clients en personne, mais d’autres sont satisfaits du mode virtuel. (Getty Images/FG Trade)
Chaque jour, nous entendons parler des bouleversements qu’a entraînés la COVID-19, que ce soit au travail ou en matière de passe-temps. Les CPA et les entreprises qu’ils servent ont évidemment aussi été touchés.
Pour mieux cerner l’ampleur de ces bouleversements, nous avons discuté avec des CPA qui travaillent dans divers domaines : en cabinet, en entreprise ou à leur compte...
Voici les grands thèmes que nous avons relevés.
TRAVAIL À DISTANCE
Premier constat, qui n’a rien de surprenant : pour de nombreux CPA, la pandémie a entraîné un basculement rapide, et parfois durable, vers le télétravail.
Par exemple, Hadia Amrane, CPA, qui est trésorière et chef des services partagés à MHIRJ Aviation, une division de Mitsubishi Heavy Industries, a travaillé à distance 100 % du temps depuis le début de la pandémie.
Mais pour d’autres CPA, le lieu de travail n’a pas changé. Ainsi, Robert Gore, du cabinet Robert Gore & Associates, souligne que les bureaux sont assez spacieux pour « permettre la distanciation physique sans le moindre problème ». Au point où lorsqu’on y a offert le télétravail aux employés, une seule personne du bureau de Toronto a opté pour cette possibilité.
Pour ceux qui sont passés au télétravail, la transition a parfois exigé quelques adaptations (concernant principalement l’aménagement de l’espace ou le matériel). Richa Khanna, CPA, associée chez Baker Tilly Vaughan, explique toutefois que la majorité s’est vite adaptée : « Au début de la pandémie, les employés nous demandaient chaque semaine quand ils pourraient revenir au bureau. Mais maintenant, le travail à distance convient à presque tout le monde. »
VIRAGE NUMÉRIQUE ACCÉLÉRÉ
La pandémie a accéléré la transformation numérique dans la majorité des organisations clientes des CPA. « Nous réalisions déjà une grande partie de nos activités par voie électronique. La situation a poussé nos clients à le faire aussi dans la mesure du possible », dit M. Gore.
Évidemment, la pandémie a également eu une incidence sur l’audit. Massimo Marinelli, FCPA, associé directeur, certification, à EY Canada, précise : « Grâce à nos investissements dans le numérique, nos équipes ont pu réaliser des examens trimestriels et des audits annuels à distance. Cette façon de faire a ses avantages : nous pouvons mettre en œuvre les procédures de certification plus tôt dans le cycle de l’audit et faire ainsi une partie du travail avant les périodes de pointe. »
APPROCHE VIRTUELLE GÉNÉRALISÉE
Pour certains CPA, c’est l’absence de contact en personne avec les clients et collègues qui s’est avérée la plus difficile. « Notre cabinet a toujours accordé une grande importance aux rencontres avec les clients, constate Debbie Gorsline, CPA, associée chez Anderson Gorsline, à Calgary. Ces rencontres en personne nous manquent encore. »
Responsable de la formation dans son cabinet, Mme Khanna partage cet avis : « Derrière un écran et une caméra, impossible de vivre la satisfaction que l’on peut ressentir en circulant dans une salle et en obtenant immédiatement l’avis des participants. »
Pourtant, de nombreux CPA sont satisfaits de l’approche virtuelle. Par exemple, Arun Thangaraj, CPA, a quitté son poste de dirigeant principal des finances à Affaires mondiales Canada pour assumer les responsabilités de sous-ministre délégué à Transports Canada en juillet, donc forcément en mode télétravail. « Tous les aspects d’un changement d’emploi sont différents pendant la pandémie, dit-il. Mais j’ai pu commencer à plonger dans la matière et participer aux réunions sans aucun problème. De fait, les rencontres ont eu lieu sans délai, puisque tout s’est fait en ligne. »
DE NOUVEAUX BESOINS
La grande incertitude associée à la COVID-19 a donné lieu à toutes sortes de nouvelles demandes de la part des clients et d’autres parties.
Comme l’explique Mme Gorsline, « surtout au début, les clients se sont mis à communiquer avec nous plus souvent. Ils avaient besoin de notre aide pour analyser leurs options, voulaient de l’information sur les subventions ou souhaitaient simplement parler de la situation. C’est très bien, mais c’était un vrai défi de gestion du temps : nous n’arrêtions jamais ».
Pour les auditeurs, la prolongation du délai de production des déclarations fiscales (qui s’est répercutée sur l’information financière) a eu des conséquences considérables. M. Marinelli se souvient que « soudain, les préparateurs d’états financiers, les comités d’audit et les auditeurs se sont retrouvés devant un nouveau cycle de publication de l’information. De fait, EY peaufinait déjà une stratégie permettant d’alléger les périodes de pointe en audit grâce à la transformation numérique ».
UN NOUVEL ÉQUILIBRE TRAVAIL-VIE PERSONNELLE
Le télétravail et les nouvelles demandes ont ébranlé le fragile équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle dans de nombreux ménages. « L’horaire a changé pour la plupart des gens, surtout pour les femmes. » Pour Mme Khanna, mère de deux enfants, dont un d’âge préscolaire, un nouvel emploi du temps était devenu essentiel. « En divisant ma journée en plusieurs périodes alternées de travail et de temps personnel, je peux accompagner mon enfant à ses cours de taekwondo tout en compensant avant ou après les heures de bureau pour respecter mes échéances. »
La transition a également permis à de nombreuses personnes de mieux cerner leurs propres préférences. M. Thangaraj le résume ainsi : « En ce qui me concerne, j’ai passé 25 ans dans un bureau. Dans un nouveau contexte, on apprend beaucoup sur soi-même et sur ses méthodes de travail. On découvre aussi que le télétravail a des avantages et des inconvénients. Oui, on gagne en flexibilité, mais il devient difficile de séparer sa vie professionnelle de sa vie personnelle. »
LA SANTÉ MENTALE À L’ORDRE DU JOUR
Personne n’est à l’abri des facteurs de stress qu’amène la pandémie, mais certains sont plus touchés que d’autres. Par exemple, M. Gore considère qu’il a de la chance de travailler encore au bureau, plus ou moins comme avant. « Nous pouvons encore profiter de l’ouverture et de la collaboration qui caractérisent notre milieu de travail », se réjouit-il, tout en constatant que tous n’ont pas cette chance.
« Ceux qui travaillent dans les tours du centre-ville n’ont pas eu le choix de quitter le bureau. Beaucoup se sentent par conséquent seuls ou isolés », se désole-t-il.
Fort heureusement, la pandémie permet aussi d’amorcer la discussion sur le sujet. Comme l’explique M. Thangaraj, « Nous parlons de santé mentale, et la question nous à tient à cœur. De fait, dans beaucoup de mes échanges avec mes collègues et amis, “Comment vas-tu?” n’est plus juste une simple salutation, mais une vraie interrogation à laquelle on veut connaître la réponse. »
RÉFLEXIONS SUR L’AVENIR
Il est encore trop tôt pour se prononcer sur les effets à long terme de la pandémie. Pour M. Gore, « la plus grande incertitude concerne le moment du retour au cours normal des choses avant la crise ».
Quoi qu’il en soit, presque tous constatent qu’ils ont parcouru tout un chemin. « Nous nous sommes tous adaptés, et nous avons su tirer parti de notre expérience; je pense que lorsque la crise sera résorbée, toutes les organisations verront ce qu’elles peuvent retenir de cette période », résume M. Thangaraj.
RESSOURCES SUR LE RÔLE DE LA PROFESSION
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