Des CPA qui voient grand (et loin!) grâce à un esprit novateur
En adoptant un état d’esprit novateur, les CPA peuvent être des pionniers dans toutes sortes de domaines. (Getty Images/vgajic)
Les CPA le savent bien : l’innovation peut prendre de nombreuses formes et émerger dans presque tous les domaines d’activité. Nous avons réuni ici trois membres de la profession qui exercent leurs compétences dans des secteurs résolument différents, allant des énergies renouvelables au commerce en ligne en passant par le soutien aux communautés autochtones. Bien que leurs méthodes de travail diffèrent, ces professionnels sont tous des pionniers dans leur domaine. Ils illustrent chacun à leur manière jusqu’où le titre de CPA peut mener quand on adopte un état d’esprit novateur.
Sonia St-Arnaud
PDG d’EVLO
En tant que présidente-directrice générale d’EVLO, une filiale d’Hydro-Québec qui commercialise, installe et exploite des systèmes de stockage d’énergie, Sonia St-Arnaud est aux premières loges d’une transition majeure qui s’opère dans le secteur énergétique mondial.
« Dans le cadre de notre transition vers des sources d’énergie plus durables, comme l’énergie éolienne ou solaire, l’offre de solutions de stockage d’énergie sûres et durables devient un enjeu critique pour les producteurs et pour les services publics d’électricité en raison de la nature intermittente de ces sources d’énergie », explique Sonia St-Arnaud.
« Les systèmes d’EVLO sont une réelle avancée à cet égard. Nous les avons conçus en accordant une importance primordiale à la sécurité, utilisant des batteries au phosphate de fer lithié (LFP) et incluant différents dispositifs de protection à l’enceinte en métal qui accueille le support et le reste de l’équipement. Nos systèmes sont utilisés pour faciliter l’intégration d’énergie provenant de panneaux solaires et d’éoliennes. De plus, ils permettent de lisser les sommets de demande d’électricité et créent des microréseaux qui seront utilisés en cas de panne, contribuant ainsi à la résilience du réseau électrique. »
Avant de se joindre à EVLO, Sonia St-Arnaud a travaillé pendant 20 ans à Hydro-Québec, où son expertise en finance, en comptabilité et en planification stratégique lui a valu d’occuper le poste de contrôleuse de la division Production, puis celui de directrice, Projets de développement et stratégies. Là, elle a œuvré au développement d’infrastructures pour des projets hydroélectriques, solaires ou de transport d’énergie, et a souvent eu à négocier des contrats d’énergie.
En 2018, grâce à son expérience diversifiée en affaires, en génie et en innovation, Sonia St-Arnaud a été nommée chef de l’exploitation d’EVLO. « Lorsque j’ai commencé, ma mission était de développer un modèle d’affaires pour une innovation qui serait commercialisable », raconte-t-elle. « À cette fin, une étroite collaboration entre l’équipe d’ingénierie et l’équipe commerciale était indispensable, car si on ne comprend pas une invention, il est difficile de la mettre en valeur. »
Sa vision élargie de la création de valeur l’a conduite à devenir chef des finances, puis présidente-directrice générale. Son rôle est de piloter la croissance d’une entreprise qui a déjà connu une augmentation spectaculaire de son personnel (en passant d’une vingtaine d’employés il y a deux ans à peine à plus de 100 aujourd’hui). Le secteur du stockage d’énergie est en plein essor et la demande augmente de 30 % par année. EVLO doit aussi améliorer constamment ses produits sur les plans mécanique, électrique et logiciel pour demeurer concurrentielle.
« J’ai toujours été très curieuse et aimé travailler en équipe, notamment à développer des projets dans des environnements moins structurés », explique Sonia St-Arnaud. « Ma capacité à interpréter les chiffres tout en établissant des liens avec les clients a aussi eu une incidence positive sur ma carrière. La suite des choses? Mon but est que l’expertise et l’innovation d’EVLO soient reconnues et utilisées pour contribuer à un avenir meilleur pour notre monde. »
Jonathan Wong
Artiste et fondateur de Custom Car Posters
Lancer une entreprise pour passer plus de temps en famille? L’idée peut sembler contre-intuitive pour certains, mais pour Jonathan Wong, cofondateur (avec sa femme Lily) de Custom Car Posters, une florissante compagnie vancouvéroise qui propose des affiches de voitures, l’opération a été un succès sur toute la ligne.
« Pour nous, la vie de famille a toujours été une priorité. Voilà pourquoi, quand notre fils Emerson a eu un an, nous avons décidé de transformer mon passe-temps, la conception d’affiches de voitures, en entreprise . Ainsi, nous aurions la liberté de passer autant de temps que possible avec lui. Nous pourrions être des parents présents, ce que nous ne pouvions pas faire avec des boulots de 9 à 5. »
La création d’affiches de voitures personnalisées a également permis à Jonathan Wong d’associer ses compétences artistiques, techniques et mécaniques dans un créneau inhabituel. « J’ai toujours été un fana de voitures – je sais démonter et remonter un moteur et j’ai illustré des dizaines de véhicules au fil des ans. L’idée de créer des affiches de véhicules pour les amateurs de voitures et de les vendre sur Etsy m’est donc venue naturellement. »
Évidemment, la formation de CPA de Jonathan Wong ainsi que l’expérience qu’il avait acquise chez KPMG et aux Grands Frères lui ont permis de gérer facilement l’aspect administratif de la création d’une entreprise. Mais selon lui, son succès tient encore plus à sa capacité à combiner ses compétences de manière unique. « Pour innover, vous ne pouvez pas vous limiter à l’analyse des états financiers ou à l’audit, même si j’ai fait beaucoup des deux. Vous devez prendre en compte d’autres talents que vous pourriez avoir et que peu d’autres personnes dans notre domaine possèdent, et qui peuvent vous conduire dans des endroits où d’autres n’ont pas encore mis les pieds. »
Grâce aux idées originales de Jonathan Wong, le couple a pu non seulement créer une entreprise prospère, mais aussi trouver la flexibilité qu’il recherchait. « Nous avons adapté notre travail à ce qui se passait dans notre vie personnelle. Cela nous a permis de passer beaucoup de temps en famille, pour aller par exemple nager ou patiner en semaine plutôt que le weekend, comme la plupart des gens doivent faire. »
Emerson passe aujourd’hui moins de temps à la maison, puisqu’il a commencé l’école l’automne passé, mais Jonathan Wong garde les idées claires. « Nous sommes le plus grand vendeur d’œuvres d’art automobiles dans le monde. Nous générons la moitié de nos revenus dans les semaines qui précèdent les Fêtes. Nous sommes alors cinq employés à temps plein. Mais les onze autres mois de l’année, on profite de la vie. »
Le couple souhaite prendre sa retraite à 40 ans, soit dans 6 ans. Il prévoit déjà passer la main quand l’entreprise aura atteint un certain plateau de croissance. « Il est très probable que je me lancerai à nouveau dans un ou plusieurs autres projets d’entreprises, mais ce sera juste pour le plaisir », s’amuse Jonathan Wong. « Mais peu importe où nous sommes ou ce que nous faisons, le temps en famille passera toujours en premier. »
Daniel Richard
Cofondateur et président d’Ind.Genuity
CPA membre de la Première Nation de Sandy Bay établi à Winnipeg, Daniel Richard exploite sans doute l’une des entités commerciales les plus atypiques au Canada : un cabinet comptable détenu et exploité par des Autochtones, doublé d’une entreprise sociale.
« L’idée d’un tel cabinet est venue de discussions avec AFOA Canada, une organisation basée à Ottawa qui aide les communautés autochtones à améliorer leurs pratiques en matière de gestion, de finances et de gouvernance », explique Daniel Richard. « De nombreuses sections de l’organisation dépendent du soutien financier du gouvernement. Nous voulions donc trouver une autre source de revenus. Nous nous sommes dit : Pourquoi ne pas créer un cabinet de CPA qui aiderait les entreprises autochtones et dont une partie des profits serait reversée à AFOA Canada? C’est là l’aspect social de l’entreprise. Nous voulions aussi une entreprise essentiellement virtuelle, si bien que nous pourrions simultanément et facilement prendre de l’expansion partout au Canada. »
Fidèle à sa mission, Ind.Genuity propose donc désormais des services de comptabilité, de tenue de livres et de conseils fiscaux à des prix raisonnables aux entrepreneurs et organisations autochtones pour leur permettre de se concentrer sur leur croissance et l’atteinte de leurs objectifs.
« Je sais par exemple d’expérience que la plupart des entreprises autochtones n’ont pas les moyens d’engager un directeur financier, mais qu’elles souhaitent entrer en contact avec quelqu’un qui a les compétences requises. Ind.Genuity répond à ce besoin, et à un coût raisonnable. C’est aussi le premier cabinet comptable autochtone à agir comme entreprise sociale. »
Daniel Richard siège également dans divers comités de développement économique des Premières Nations et travaille avec plusieurs institutions financières autochtones. Cependant, il se heurte toujours à des obstacles auprès de certaines communautés autochtones dans certaines provinces, car nombre d’entre elles sont situées dans des zones reculées où le service Internet est médiocre.
« Les services que j’offre leur seraient précieux, mais elles sont littéralement hors de portée. Il m’est déjà arrivé de recevoir de rares clients la classique boîte à chaussures pleine de reçus non triés. Même si je suis passé au travers, c’est loin d’être idéal. »
Peu importe les obstacles, Daniel Richard dit qu’il demeure toujours engagé à 100 % dans son objectif personnel : aider AFOA Canada à soutenir le plus possible les communautés, organisations et entrepreneurs autochtones dans leur réussite. « Nous envisageons également la possibilité d’offrir des bourses d’études et d’avancement aux étudiants autochtones de niveau postsecondaire dans tout le pays. Nous espérons que cette initiative et plusieurs autres, petites et grandes, feront en sorte que toutes les personnes concernées se retrouvent dans une situation gagnante. »
INNOVATION AU CANADA
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Photos de Sonia St-Arnaud et Daniel Richard : tous droits réservés. Jonathan Wong : avec l’autorisation de Bobo Zhao.